Pénurie médicale : en Occitanie, 300 praticiens de 50 hôpitaux font reculer les déserts en jouant collectif

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Publié le 21/07/2025
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Renaissance de filières de soins, création de postes de chefs de clinique territoriaux et réouverture de lits… Deux ans après son lancement, l’association Hôpitaux d’Occitanie Ouest (H2O), qui réunit 300 médecins hospitaliers « volants », montre des signes encourageants dans sa lutte contre la pénurie médicale.

Des chefs de service toulousains qui partagent leur temps entre le CHU et des centres hospitaliers périphériques, des chefs de clinique qui postulent dans l’Aveyron, le Gers ou les Hautes-Pyrénées mais gardent un pied à Toulouse… Si ces modes d’exercice étaient difficiles à imaginer – voire totalement incongrus – il y a encore quelques années, ils s’imposent aujourd’hui tranquillement entre le CHU de Toulouse et 50 centres hospitaliers des départements de l’ex-Midi-Pyrénées.

Cette façon originale de contrer la pénurie médicale est le résultat d’un dispositif lancé par l’association Hôpitaux d’Occitanie Ouest (H2O) en 2023. « À l’époque, plusieurs services étaient quasiment à l’arrêt dans les hôpitaux des huit départements voisins de la Haute-Garonne, rappelle Jean-François Lefebvre, directeur général du CHU à l’origine du projet. Aujourd’hui, dix postes de chefs de clinique territoriaux, habituellement réservés aux CHU, ont été créés ; et 300 médecins seniors interviennent du CHU dans les centres hospitaliers d’Occitanie Ouest. Grâce à cela, de nombreuses filières de soins ont pu renaître en radiologie, neurologie, néphrologie, cardiologie ou encore ORL. »

Renaissance de l’ORL à Cahors

Illustration à l’hôpital de Cahors (Lot) avec le Dr Amine Zidi, chirurgien ORL nommé chef de clinique territorial en novembre : « Lorsque l’équipe du CHU m’a parlé de ce poste, j’ai été séduit. Il y avait un challenge pour moi à rejoindre un service un peu sous-doté. Je passe aujourd’hui deux jours et demi à Cahors et autant au CHU de Toulouse, avec un autre praticien toulousain. »

À Cahors, en quelques mois, la filière ORL s’est reconstituée, avec désormais quatre médecins (au lieu de deux) et le retour d’une expertise qui permet de nouveau de pratiquer différents actes de chirurgie de l’oreille : audiologie, implants cochléaires, chirurgie de la tumeur de l’oreille. Le temps d’attente pour une prise de rendez-vous est passé d’une année à deux mois grâce à l’ouverture de créneaux d’urgence, et les patients compliqués gardent un accès direct au CHU.

Ouverture de lits à Rodez

À l’hôpital de Rodez (Aveyron), la formule H2O a aussi porté ses fruits. « Alors que le service hépato-gastroentérologie était dans le creux de la vague, nous avons même pu rouvrir des lits récemment », pointe Vincent Prévoteau, le directeur de l’établissement. Dans cette spécialité, fortement concernée par la désertification médicale, il est prévu de multiplier des partenariats et des temps partagés entre le CHU et d’autres CH dès l’année prochaine.

Autre perspective pour 2026 : améliorer la filière gynécologie obstétrique. Ainsi le Pr Paul Guerby, chef de gynécologie pédiatrique au CHU de Toulouse, vient de prendre une chefferie de projet en temps partagé avec Cahors. « Je vais y intervenir un à deux jours par mois en appui à la permanence des soins, le recrutement, la formation des médecins Padhue, explique-t-il. L’objectif est de reconstituer le service et d’embaucher quatre praticiens hospitaliers sur place. D’ailleurs, j’ai déjà reçu plusieurs candidatures », avance-t-il.

Depuis les périphéries vers Toulouse

H2O marche aussi dans l’autre sens, des périphéries à Toulouse. Ainsi, l’association a déployé un système de filière qui permet aux anesthésistes et aux IADE des centres hospitaliers de venir se former, le temps d’une semaine, en anesthésie pédiatrique sous la houlette du Pr Vincent Minville à l’hôpital des enfants de Purpan.

Le dispositif contribue enfin à valoriser les projets de recherche, par le biais de l’entité H2O Recherche qui bénéficie d’un financement d’1,1 million d’euros alloué par la DGOS (ministère de la Santé). Rodez en dermatologie, le centre hospitalier Gérard-Marchant (Toulouse) en psychiatrie et Tarbes en pharmaco-toxicologie ont été sélectionnés dans le premier appel à projets.


Source : lequotidiendumedecin.fr