Dans le débat sur la dépénalisation de l'usage de drogue, les intervenants en toxicomanie y sont allés lundi de leurs propres suggestions. Dans un rapport rendu public lundi, la Fédération française d'addictologie (FFA) formule quinze propositions pour la réduction des risques qui ont été communiquées au ministère de la Santé. La FFA recommande en particulier qu'au-delà des "salles de shoot", la consommation de drogue soit également permise dans les centres d'accueil pour toxicomanes.
Dans ces centres de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) et centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction de risques pour usagers de drogues (CAARUD), "la supervision d'injections se fait déjà officieusement", explique le docteur Alain Morel, vice président de la FFA. Une pratique justifiée, selon lui, par le fait que ces structures "doivent pouvoir accompagner sur le plan médical ce type de gestes pour en limiter les risques". Pour lui, la supervision médicale d'une injection permet d'éviter les risques d'overdoses et les risques infectieux: "On veille à ce que l'usager ne se pique pas n'importe comment, avec une seringue propre, et pas n'importe où en fonction de l'état de ses veines, qu'il évite par exemple de piquer dans un abcès et risquer la septicémie", précise Alain Morel.
Par ailleurs, la fédération recommande la mise à disposition des usagers et de leur entourage de la Naxolone, un antidote permettant de renverser les effets d'une overdose à un opioïde ou à l'héroïne; alors qu'en France, la Naxolone ne peut être administrée que par un médecin. "En cas d'overdose, les services d'urgence d'un hôpital peuvent faire une injection qui vous sauvera la vie, mais le temps que vous arriviez à l'hôpital ...", pointe le Dr Morel.
Les médecins généralistes et pharmaciens font l'objet de la 5e recommandation de la FFA, qui propose de renforcer les capacités des médecins généralistes et des pharmaciens à agir dans une logique de réduction des risques. Le rapport suggère notamment aux pouvoirs publics de "mettre en place une consultation dédiée à la réduction des risques accompagnée d’une rémunération spécifique, pour tous les patients qui en font la demande," ainsi qu'un honoraire de dispensation en officine spécifique à la prise en charge des addictions.
D'une manière générale, pour la FFA, la diminution des risques et des dommages liés aux conduites addictives passe en priorité par la dépénalisation de l'usage. "Harceler, punir ou mettre en prison des usagers de drogues n'a aucun intérêt : toutes les structures et sociétés savantes du champ des addictions sont d'accord sur ce point", souligne le Dr Morel.
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