A ce jour, aucun cas autochtone déclaré cette année sur l’hexagone. Pourtant, toutes les conditions sont réunies pour que le chikungunia et la dengue deviennent épidémiques cet été. C’est l’annonce plutôt inquiétante faite ce jour par le Direction générale de la Santé qui se prépare à affronter cette éventualité.
L’infection par le virus du chikungunya est une arbovirose caractérisée par une fièvre élevée à 38°5C, des arthralgies importantes et une altération de l’état général. En langage souali, chikungunya signifie du reste « homme penché, courbé ». La maladie se manifeste après une incubation de 4 à 7 jours en moyenne. Elle se transmet d’homme à homme par l’intermédiaire du moustique tigre, - aedes albopictus de son nom latin -, reconnaissable à ses rayures noires et blanches. Et comme celui-ci est désormais implanté dans 18 départements du sud de la France, on peut imaginer tous les scénarios.
Pour l’heure, après l’Ile de la Réunion, c’est désormais aux Antilles et en Guyane que ce moustique pullule et fait des ravages. Le virus du chikungunya a touché 8% de la population en Martinique, (31.720 cas, selon un décompte fait entre début décembre et le 1er juin) et 7% en Guadeloupe (28.320 cas). Et aux Antilles, "l'épidémie est encore devant nous" affirme Jean-Claude Desenclos, Directeur scientifique à l'Invs, puisque les conditions climatiques idéales de prolifération de l’insecte sont la chaleur et l’humidité, à savoir les conditions climatiques du prochain été où les fortes pluies sont attendues.
En effet, la femelle pond ses œufs dans l’eau, les larves s’y développent et éclosent aux périodes chaudes. Du reste, l’insecte a été importé sur le continent par les avions dans les pneus humides desquels les larves se sont développées, ont traversé l’Atlantique et sont venues éclore sur l’Hexagone.
Enfin, pour qu’une épidémie se développe, trois facteurs concomitants sont nécessaires: « la présence du vecteur, un environnement favorable et le facteur humain », explique le Dr Harold Noel, médecin épidémiologiste à l’InVS spécialiste des arboviroses. Les deux premières conditions sont désormais réunies en France métropolitaine. Pour le reste, il faut qu’un individu soit virémique, qu’il soit piqué par aedes albopictus et que ce dernier transmette le virus à l’occasion du repas sanglant suivant.
Selon le Pr Benoit Vallet, Directeur général de Santé, il suffirait quasiment qu’un seul voyageur virémique revienne des Antilles pour qu’une épidémie locale débute et qu’elle se propage si elle n’est pas contenue. En effet, le moustique est très agressif et les faits ont prouvé qu’une personne infectée serait source de trois autres contaminations. Sans compter le fait que les Français du continent représentent une population naïve sans défenses immunitaires vis à vis de ce virus ; ce qui rend la propagation du virus encore plus aisée.
La lutte contre cette maladie passe donc par la détection très précoce d’un cas suspect : « il suffit qu’un malade fébrile arthralgique revienne d’une zone épidémique pour être considéré comme suspect », affirme le Dr Harold Noel, médecin épidémiologiste à l’InVS, spécialiste des arboviroses. Aussitôt, un test biologique de confirmation doit être réalisé et la déclaration du cas est obligatoire. La prévention passe aussi et surtout par la lutte antivectorielle, à savoir limiter les eaux stagnantes où les larves se multiplient (tuyaux d’avacuation, protection des récupérateurs d’eau, vider les soucoupes des plantes en pots, tec.) et par la destruction mécanique des gîtes larvaires. Les répulsifs et les moustiquaires sont conseillés dans les zones où le moustique pollule.
La dengue est aussi une arbovirose, transmise par moustique – aedes aegypti-. Le mode de contamination et les risques sont identiques mais l’insecte est moins agressif. A ce jour, 121 cas "suspects" de chikungunya et de dengue ont été rapportés depuis mai dans les 18 départements de France métropolitaine infectés par le moustique tigre. Parmi eux, 15 cas de dengue et 45 de chikungunya ont été confirmés, à ce jour tous des cas importés.
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