Dans une lettre adressée à Mlle Volant en 1762 Diderot raconte ainsi son aventure :
J’avais une petite chambre au coin de la rue de la Parcheminerie ; je la vois d’ici. Au-dessus de moi logeait une fille entretenue par un officier : elle s’appelait Desforges. Son amant partit pour la campagne de 44 (1744).
Je fis connaissance avec elle un jour qu’il faisait chaud. Je la trouvai étalée sur une bergère dans le plus grand déshabillé ; je m’approchais des pieds du lit et des siens ; je pris les bords de la gaze qui la couvrait et les levait : elle me laissa faire.
Je lui dis qu’elle était belle ; et à ma place et à mon âge, il était trop difficile de ne pas la trouver telle. Je me disposais à appuyer mon éloge lorsque, interposant sa main entre ses charmes et mon désir, elle m’arrêta tout court par ce discours étrange :
- Voilà, mon ami, qui est fort beau (ou fort bien, je ne sais lequel des deux elle a dit) ; mais je ne suis pas sûre de moi ; et je ne sais pourquoi, ajouta-t-elle, je serais désespérée que tu eusses à te plaindre de ma complaisance. Il y a là, de l’autre côté de ma porte, un grand benêt qui me presse ; la première fois, je le laisserai aller et nous saurons si tu peux accepter sans conséquences fâcheuses ce que je ne suis que trop disposée à t’accorder.
L’expérience se fit ; le grand benêt voisin en fut malade à mourir ; et j’échappai, par une grâce spéciale de la Providence, qui ne m’a jamais fait que le bien de me sauver du mal, à un accident dont les libertins se rient, mais qui me fait frissonner.
J’ai recherché à la bibliothèque de l’Arsenal, dans les Archives de la Bastille, si Meusnier, inspecteur de police, avait consacré un de ses dossiers, toujours si piquants, à la biographie de la Desforges. Je n’ai rien trouvé.
Apparemment, cette « femme du monde », comme on appelait alors les filles, n’occupait qu’une place infime dans les rangs de la galanterie parisienne ; et Meusnier réservait l’honneur de ses fiches secrètes aux courtisanes de haut vol, qui d’ailleurs distribuaient, aussi libéralement que leurs sœurs moins fortunées, à la fleur des pois de la gentry française, les « faveurs cuisantes de Vénus », pour nous servir de la périphrase que la rhétorique du temps appliquait à la désignation de la grande et de la petite avarie.
(Dr E., La Chronique médicale, 1912)
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