À l’occasion du congrès de la NSFA, le Dr Ivan Berlin et le Pr Daniel Thomas sont revenus sur les résultats de l’étude Eagles qui réhabilitent la varénicline (Champix, laboratoires Pfizer) dans le sevrage tabagique.
Autorisé en Europe depuis 2006, cet agoniste partiel des récepteurs nicotiniques α4ß2 a connu depuis une histoire mouvementée, certaines observations de pharmacovigilance -très médiatisées- suggérant une augmentation du risque neuropsychiatriques. Ces doutes ont conduit en France à une modification des RCP du médicament puis à son déremboursement en 2011. Des mesures encore en vigueur il y a peu malgré des données de la littérature plutôt rassurantes. « L’analyse des études sérieuses montre que 13 sur 15 ne révèlent pas d’effets neuro-psychiatriques, tandis qu’au plan cardiovasculaire 5 sur 6 sont négatives », résume le Dr Berlin. Malgré cela, il aura fallu attendre la publication de l’étude Eagles pour que les choses bougent.
Cet essai randomisé a inclus 8 144 fumeurs de 18 à 75 ans traités pendant 12 semaines par varénicline, bupropion, patchs nicotiniques ou placebo. Après un suivi de 12 semaines supplémentaires, les auteurs retrouvent une incidence similaire des évènements indésirables neuropsychiatriques dans tous les groupes, que les patients aient ou non des antécédents de ce type. Une analyse spécifique des idées et comportements suicidaires ne met pas non plus en évidence de surrisque neuropsychiatrique avec la varénicline, tant dans la cohorte de patients non psychiatriques que psychiatriques. Son efficacité est maintenue aux semaines 9 à 24, avec un taux d’abstinence continue supérieur à celui du bupropion et du placebo.
Suite à ces résultats, les RCP ont été amendées et Champix est de nouveaux remboursé depuis mai 2017 à un taux de 65 %.
« Eagles a remis les pendules à l’heure, mais on aura perdu 10 ans » regrette le Pr Thomas.
D'après un symposium Pfizer lors du congrès de la NFSA (Biarritz, 20 au 22 juin)
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