C’est en direct de Barcelone que le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer, a donné, à chaud, les grandes tendances qui se dégagent du cru 2024 du congrès de la Société européenne d’oncologie médicale (Esmo). Accompagné de Sophie Beaupère, déléguée générale d’Unicancer, le spécialiste a détaillé en conférence de presse les avancées thérapeutiques notables ainsi que quelques communications susceptibles de modifier les pratiques. La déléguée générale, quant à elle, a souhaité remettre les innovations mises à l’honneur dans le contexte politique actuel, en insistant sur les attentes d’Unicancer pour cette rentrée 2024.
Thérapies anti-cancéreuses et schémas thérapeutiques
« L’Esmo est indiscutablement devenu le premier congrès de cancérologie au monde, cela est particulièrement vrai pour 2024 où pas un seul groupe de tumeurs n’a bénéficié d’avancées significatives », a déclaré le Pr Jean-Yves Blay. Une première impression qu’illustre parfaitement l’essor des immunothérapies, désormais intégrées dans l’arsenal thérapeutique de la quasi-totalité des cancers, y compris rares. À cette progression s’ajoute une nouvelle place dans le schéma de traitement puisque l’immunothérapie s’administre de plus en plus précocement, en situation néoadjuvante avant même la chirurgie ou la radiothérapie. « Cette tendance installe de nouveaux standards et permet de gagner en survie globale, dans le cancer du sein triple négatif ou le cancer du poumon par exemple », commente le Pr Blay.
Si les immunothérapies ont conquis l’Esmo, d’autres tendances se profilent. En témoignent les sessions sur les conjugués anticorps-médicaments (ADC pour antibody-drug conjugates) ou sur de nouvelles classes de molécules, comme les régulateurs de l’expression génique, exploitables dans des ères thérapeutiques encore inconquises en oncologie. « Les anticorps conjugués sont utilisés dans les cancers du sein et du poumon, car ils reconnaissent très préférentiellement un antigène exprimé dans ces cancers, mais d’autres l’expriment aussi ce qui nous amène à penser que ces traitements pourront y être utilisés », détaille le président.
Enfin, le Pr Blay retient des études sur la désescalade et l’hypofractionnement en radiothérapie. Des données qui devraient elles aussi changer les pratiques et la prise en charge. À ce sujet, Sophie Beaupère rappelle la nécessité d’accorder les budgets, les grilles de financement et la nomenclature des actes pour intégrer toutes ces innovations dans la prise en charge oncologique et, ce, dans un contexte d’augmentation de l’activité des centres de lutte contre le cancer, +16 % entre 2011 et 2023.
Un premier médicament anti-cachexie
Les soins de support ont également reçu une attention particulière lors du congrès. Si plusieurs études ont été rapportées, une a particulièrement attiré l’attention du Pr Blay comme des congressistes. Publiée en parallèle dans The New England Journal of Medicine, cette étude rapporte les résultats de phase 2 de l’essai PROACC-1 financé par Pfizer, évaluant l’efficacité et la sécurité du ponségromab contre la cachexie dans le cancer. Ce médicament agit via l’inhibition du facteur de différentiation GDF-15, dont les taux sont élevés en cas de cachexie. « C’est le premier traitement capable de corriger cette complication terriblement invalidante et de très mauvais pronostic », se réjouit l’oncologue.
L’essai a inclus 187 patients randomisés en 1:1:1:1 pour recevoir, soit l’une des trois doses de ponségromab (100, 200 ou 400 mg), soit le placebo, toutes les quatre semaines durant 12 semaines. À 12 semaines, les patients des groupes ponségromab avaient repris plus de poids que ceux du groupe placebo, avec une différence médiane de 1,22 kg dans le groupe 100 mg, de 1,92 kg dans le groupe 200 mg et de 2,81 kg dans le groupe 400 mg. Par rapport au placebo, les auteurs ont également observé des améliorations sur l’appétit, les symptômes de la cachexie, la masse musculaire et l’activité physique, notamment pour le groupe 400 mg. Enfin, des événements secondaires toutes causes sont rapportés chez 80 % des patients du groupe placebo contre 70 % du groupe ponségromab, les scientifiques estimant que 4 à 11 % d’entre eux seraient associés directement au ponségromab.
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