Après une hospitalisation pour Covid, les survivants ont un surrisque de décès et d’hospitalisation pour des atteintes d’organes qui décroît après six mois, mais reste significativement élevé jusqu’à trente mois, selon une étude française. L’analyse, menée par des chercheurs exerçant à l’hôpital Bichat (AP-HP) et des experts d’Epi-Phare, a suivi pendant trente mois les quelque 64 000 patients hospitalisés au moins un jour pour Covid entre le 1er janvier et le 30 août 2020. Leur morbimortalité à long terme a été comparée à celle de 319 891 contrôles en population générale, appariés selon l’âge, le sexe et lieu de résidence. Les résultats sont publiés dans la revue Infectious Diseases.
Durant la période de suivi, la mortalité toutes causes était de 17,7 % dans le groupe hospitalisé pour un taux de décès de 5 218 par 100 000 personnes-années, contre 8,5 % en population générale pour un taux de décès de 4 013 par 100 000 personnes-années.
Plus de troubles cardiovasculaires, respiratoires, neurologiques et psychiatriques
Sur l’ensemble de la période, les patients avaient aussi une probabilité accrue d’être réhospitalisés (incidence cumulative pondérée de 16 334 par 100 000 personnes-années contre 12 095 en population générale). Le risque était particulièrement élevé pour les troubles neurologiques (incidence rate ratio IRR de 1,50), cardiovasculaires (IRR de 1,22), respiratoires (IRR de 1,99) et psychiatriques (IRR de 1,41). Les pathologies les plus communes retrouvées dans l’étude étaient l’insuffisance cardiaque, d’autres cardiomyopathies, les troubles du rythme ou de la conduction cardiaque, les troubles chroniques des voies respiratoires basses et les évènements thromboemboliques.
Après six mois, le surrisque d’hospitalisation toutes causes décroît mais, jusqu’à au moins trente mois, il reste fort pour les troubles neurologiques, respiratoires, l’insuffisance rénale chronique (IRR de 1,79) et le diabète (1,89).
« Ces résultats reflètent les vastes conséquences à long terme de la maladie sur la vie des gens ainsi que le besoin d’approfondir les recherches pour comprendre les mécanismes derrière ces risques et comment les atténuer », déclare le Dr Charles Burdet, coauteur de l’étude et praticien hospitalier spécialisé en maladies infectieuses à l’hôpital Bichat (AP-HP).
Sarah Tubiana, première autrice, docteure en pharmacie et chercheuse au Centre d’investigation clinique de l’hôpital Bichat, renchérit : « Ces conclusions sont un rappel frappant de l’étendue de l’influence du Covid-19, bien au-delà de l’infection initiale ». Et d’ajouter : « Bien qu’une grande attention ait été portée aux dangers immédiats du virus, notre recherche montre que les survivants d’une hospitalisation pour Covid ont un plus grand risque de complications sévères, des mois voire des années plus tard. Les implications à long terme en santé publique sont significatives ».
Dans un avis publié ce 3 mars, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande de maintenir une campagne de vaccination de printemps contre la Covid-19 cette année pour les personnes de 80 ans et plus, ainsi que les résidents d’Ehpad et d'Unités de soins de longue durée (USLD) et les personnes immunodéprimées quel que soit leur âge. Objectif : réduire la morbi-mortalité associée au Covid-19 et donc diminuer le nombre de décès et la survenue de formes graves. Ce rappel peut être fait à partir de six mois après la dernière infection ou injection de vaccin contre le Covid-19. Ce délai est réduit à trois mois pour les personnes immunodéprimées et les personnes âgées de 80 ans ou plus. Pour informer ces publics, la HAS met en avant l’intérêt des rappels personnalisés, « qui ont prouvé leur efficacité pour augmenter la couverture vaccinale ».
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