Depuis l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle, l’urine fut la grande source industrielle de l’ammoniaque. Par la fermentation, l’urée de l’urine, en fixant deux molécules d’eau, donne du carbonate d’ammoniaque.
Un homme adulte élimine, par jour, environ 30 grammes d’urée, ce qui correspond à 47 grammes de carbonate d’ammoniaque et à 17 grammes de gaz ammoniac ; Dans une grande ville comme Rome l’urine des habitants pouvait fournir chaque jour plusieurs tonnes d’ammoniaque.
Lucrèce, Pline, Martial, Suétone et Macrobe ont parlé incidemment, dans leurs écrits, de la récolte et de l’emploi de l’urine à Rome. Déjà, avant notre ère, dans les ruelles étroites et peu fréquentées (in angiporta) de Rome, on disposait des vases de terre, dolia (Lucrèce), testa (Martial), qui étaient quelquefois coupés par le haut, afin de leur donner une hauteur convenable et qu’on qualifiait de « curtus » à cause de ce raccourcissement.
Martial (liv. XII, ép. 48), après avoir constaté la splendeur d’un souper, se demande ce qu’il en restera le lendemain et, à cette fin, il suggère d’interroger la fétide éponge attachée à ce sale bâton (qui servait à nettoyer les latrines, comme actuellement les petits balais) et le vase placé au coin de la rue :
Quod sciat infelix damnatae spongia virgae/Junctaque testa viae.
Les foulons, pour dégraisser leurs lainages, employaient plusieurs ingrédients, la terre de Cimolos (à foulon), les carbonates alcalins naturels, connus sous le nom de nitrum, la lessive de cendres et, aussi, l’urine fermentée.
Ils étaient autorisés à mettre dans les endroits publics des vases de terre pour recueillir les urines des passants. C’est, probablement, ce privilège que les foulons achetaient, en payant l’impôt établi par Vespasien sur les urines (Suétone, Vesp., XXIII), impôt pour lequel Titus avait témoigné son mécontentement et que Vespasien avait apaisé en lui montrant les pièces d’or qui provenaient de cet impôt en disant : « Vois, mon fils, si elles sentent quelque chose » (Dion Cassius, Histoire romaine, liv. LXVI, 14) ; ce que l’on a traduit par : « l’argent n’a pas d’odeur ».
Ces récipients à urines sentaient mauvais très rapidement. Martial (liv. VI, ép. XCIII) compare l’odeur de Thaïs à un vieux pot de foulon :
Tam male Thaïs olet, quam non fallonis avari
Testa vetus, media sed modo fracta via
(« Thaïs sent plus mauvais que le vieux pot d’un foulon avare qu’on a brisé dans la rue »)
Les tanneurs employaient aussi l’urine fermentée pour dégraisser les peaux des animaux avant de les tanner. D’après Pline (Hist. Nat., XXIII, 140 ; XXVII, 51), on achevait de nettoyer la peau, préalablement écharnée en la plongeant dans un bain d’urine auquel étaient mêlées des feuilles de mûrier. On employait aussi pour cet usage l’urine des animaux (Ibid, XXVIII, 91 ; XXV, 197).
Il est fort probable que les teinturiers employaient aussi l’urine, mais aucun texte n’en fait mention. L’urine était encore employée dans l’industrie au milieu du XIXe siècle ; quelques vieux ouvriers s’en servaient à la fin du dernier siècle.
Dans le même ordre d’idées, on peut citer l’emploi des crottes de chien pour la préparation de la peau de gant. Les hommes de ma génération ont pu encore voir, à la fin du dernier siècle, en plein Paris, des ramasseurs de crottes de chien : bizarre profession !
(Dr P. Noury, de Rouen, La Chronique médicale, 1925)
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