Au 1er janvier 2020, la France comptait 685 122 personnes traitées pour épilepsie, soit une prévalence de 10,2 pour 1000 habitants, « similaire aux prévalences observées aux États-Unis et en Angleterre », observe Santé publique France (SPF) à partir du Système national des données de santé (SNDS). La lecture de ces données livre des estimations au niveau départemental et fournit un profil épidémiologique de la pathologie.
SPF pointe notamment une évolution différente entre les hommes et les femmes, et entre les régions. Et met en évidence une corrélation entre une forte prévalence de l’épilepsie, associée à une incidence plus précoce de la première crise, et le désavantage social. Pour les auteurs, cette pathologie « apparaît comme un bon marqueur des inégalités de santé en France ». Parmi les personnes traitées, 29 % ont une caractérisation en affection longue durée (ALD).
Une prévalence qui augmente plus tôt chez les hommes
L’âge, le sexe et la situation socio-économique sont connus comme étant des facteurs de risque d’épilepsie. L’étude de SPF retrouve, elle aussi, une association entre augmentation de la prévalence et l’avancée en âge. Sur une prévalence nationale moyenne tous sexes de 10,2/1 000 habitants, une forte augmentation apparaît chez les hommes après 65 ans (15/1 000), pour atteindre une prévalence de 20/1 000 à 80 ans. Chez les femmes, la prévalence est environ de 12,5/1 000 à 44 ans et de 17,5/1 000 à 80 ans. Les auteurs expliquent principalement cette différence d’évolution par l’apparition de comorbidités, notamment cardiovasculaires, chez les hommes à un âge plus précoce que les femmes.
Ils reconnaissent un ratio femmes/hommes de 1,07 qui interpelle puisqu’il vient en contradiction avec ce qui est rapporté dans la littérature (prédominance masculine de l’épilepsie). Parmi les hypothèses explicatives : la moindre délivrance de traitement chez les hommes par rapport aux femmes ou un diagnostic plus fréquent de certains types d’épilepsie chez les femmes par rapport aux hommes.
Relation bidirectionnelle avec la précarité sociale
Concernant la distribution spatiale de l’épilepsie sur le territoire français, les auteurs décrivent une diagonale « Nord-Est-Sud-Ouest », où les prévalences sont plus fortes que le reste du territoire. À celle-ci s’ajoutent les Drom, à l’exception de la Guyane, où la prévalence dépasse les 12/1 000 habitants. Sont retrouvées, par exemple, des prévalences de 11,6/1 000 dans l’Aisne, 12,8/1 000 dans l’Yonne, 15,2/1 000 dans la Creuse ou encore 13,2/1 000 dans les Pyrénées-Atlantiques.
De plus, les auteurs notent une différence de 42 % entre le quintile le plus défavorisé (10,1/1 000) par rapport au moins défavorisé (7,1/1 000), avec une augmentation de l’incidence des premières crises d’épilepsie chez les personnes socialement défavorisées. « Des preuves s’accumulent en faveur d’une relation causale bidirectionnelle entre l’épilepsie et la défavorisation sociale », lit-on. Ils pointent notamment les expositions toxiques intra utero et pendant la petite enfance, et la pollution comme facteurs de risque de la survenue plus précoce de la première crise. Enfin, ils concluent que « la stigmatisation, les effets secondaires du traitement de l’épilepsie et les comorbidités associées peuvent conduire à une plus grande difficulté à trouver ou conserver un emploi pour les personnes malades voire à une baisse de revenus ».
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