Nutrition

Feu vert pour le code couleurs sur les aliments

Publié le 11/09/2015
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Le Haut Conseil de Santé publique vient d’émettre un avis favorable en faveur d’un balisage à cinq couleurs sur les aliments. Une mesure de santé publique qui devrait aider les Français à manger sainement.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Qui aura le plus de « vert » dans son caddy ? C’est la question que l’on pourra se poser lors de l’instauration du code couleur sur nos produits alimentaires, mesure inscrite dans la loi Santé 2015. Son inspirateur, le Pr Serge Hercberg, président du Programme National Nutrition Santé (PNNS) et directeur de la célèbre étude Nutrinet qui observe depuis 2009 les habitudes alimentaires des Français, décrit ce code à 5 couleurs comme un système « intuitif, compréhensible de tous et simple » (1). La proposition d’instauration de cette signalétique sera faite au Sénat mi-septembre 2015. Si elle est acceptée, il faudra attendre l’instauration d’un décret au Conseil d’État et donc une mise en application début 2016. »

Si ce balisage à vocation de santé publique semble nécessaire, pas question pour autant de se lancer dans une refonte de l’étiquetage aux conséquences importantes pour l’industrie agro-alimentaire sans validation scientifique solide. Saisie par la DGS, l’Anses (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) avait émis des doutes en mars 2015 quant à la pertinence de l’efficacité sur la consommation de la première mouture de ce balisage - développé par la Food Standard Agency (FSA) (voir encadré) - lui reprochant un manque de clarté et une hiérarchisation confuse de certains produits (fromages, boissons sans alcool, matières grasses ajoutées).

Une meilleure lisibilité

Dans un second temps, la DGS a donc saisi le Haut Conseil de la Santé Publique qui, tenant compte des remarques de l’Anses, a modifié le score initial dans le sens d’une meilleure lisibilité. Dans un rapport publié en juin dernier, le Haut Conseil a émis un avis favorable à l’application de cette mesure. Et ses conclusions viennent du reste d’être confortées par des travaux de l’équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle (EREN) montrant l’association entre la qualité nutritionnelle des produits évalués par le code couleurs et les risques de prise de poids et d’apparition d’un surpoids et d’une obésité chez les hommes.

Les experts du Haut Conseil soulignent néanmoins que cet étiquetage n’est pas suffisant à lui seul pour améliorer les comportements alimentaires et doit être encadré par des stratégies d’accompagnement et d’information du public. En effet, l’achat est influencé par les goûts, le budget, la relation affective du consommateur à l’aliment et l’état de satiété au moment de l’achat. Le code va donc devoir se faire une place au sein de ces déterminants de consommation, sans oublier ceux relatifs aux informations institutionnelles, publicitaires et marketing, tel le packaging. D’autres pays comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont adopté depuis un an une signalétique nutritionnelle unique mais l’insuffisance du recul ne permet pas d’en mesurer l’impact sur la consommation.

Des pastilles colorées dans les restaurants ?

Alors à quand des pastilles colorées sur les menus des restaurants ? Des travaux en restauration collective sont actuellement en cours et pourront s’étendre jusqu’au menu des fast-foods. Mais alors, oserons-nous tremper de nouveau un croissant désormais classé « rouge » dans notre café noir du matin ?

Dr Charlotte Mouly

Source : lequotidiendumedecin.fr