L’information que nous délivre aujourd’hui le Haut Conseil de la Santé Publique n’est pas de saison mais elle capitale du point de vue pratique et scientifique. Ces experts recommandent la poursuite des campagnes annuelles de vaccination contre la grippe des personnes âgées de 65 ans et plus, ainsi qu’à destination des personnels de santé dans une stratégie de mesures barrières.
Une saisine par la diection Générale de la Santé
Pour mieux comprendre cet avis (qui peut sembler enfoncer des portes ouvertes), rappelons que de récentes publications avaient remis en question l’efficacité de ces stratégies et ont suscité la saisine du HCSP par la Direction Générale de la Santé. En effet, une méta analyse de janvier 2012 évaluait à 59% l’efficacité des vaccins anti grippaux inactivés chez les adultes de 18 à 65 ans, d’autres études concluaient à des taux inférieurs. S’ensuivaient d’autres analyses aussi peu enthousiasmantes : 56% d’efficacité du vaccin en population observée par les CDC américains en février 2013 et 27% chez les sujets de plus de 65 ans pour le vaccin contre le A(H3N2). Fort de ce type de constatations, le Conseil scientifique du Collège National des Généralistes Enseignants avait mis le feu à la mèche et alerté sur le manque de données d’efficacité chez les personnes de plus de 65 ans.
Le Haut Conseil vient donc de trancher en faveur de la poursuite de cette vaccination chez les personnes âgées en arguant que « l’absence de démonstration d’efficacité (pour des raisons méthodologiques) de la vaccination contre la grippe saisonnière dans certaines populations ne signifie pas que celle-ci ne soit pas efficace. D’autres études en effet, notamment françaises, permettent d’attribuer au vaccin une efficacité dans ces populations » et avancent en faveur de la balance bénéfice/risque de la vaccination le fait que les vaccins grippaux ont « un bon profil de tolérance ».
2500 décès évités en France chaque saison
Dans le détail, cette autorité rappelle que la recommandation de vacciner les personnes âgées et jugées à risque date de 1985, en application pure et simple de la stratégie vaccinale américaine. Et que depuis, aucune étude randomisée versus placebo – qui apporterait une preuve d’efficacité formelle - n’est désormais possible. Aussi, l’évaluation précise de l’impact du vaccin antigrippal au travers d’études est rendue difficile en raison de l’absence de spécificité clinique du syndrome grippal, de la variation annuelle de la composition du vaccin, des glissements antigéniques possibles des souches virales à l’origine d’une mauvaise concordance avec les virus circulants, de la faible puissance des études réalisées sur des populations sélectionnées, etc.
S’appuyant sur une évaluation française de l’InVS, le nombre moyen de décès attribuables à la grippe a ainsi été estimé à 8700, soit 10% des décès pendant la période épidémique. La vaccination éviterait en france 2500 décès en moyenne chaque saison, malgré une couverture vaccinale suboptimale. Donc, vaccinez chez les 65 ans et plus, il en restera quelque chose : il faut environ 2620 vaccinations pour éviter un décès.
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