Les Mémoires du cardinal de Retz sont dédiées à Mme de Caumartin. Voici leur première phrase : « Madame, quelque répugnance que je puisse avoir à vous donner de l’histoire de ma vie, qui a été agitée de tant d’aventures différentes, néanmoins, comme vous me l’avez demandé, je vous obéis, même aux dépens de ma réputation ».
Il tint scrupuleusement sa promesse ; il raconta ses aventures amoureuses et les désagréments qu’elles lui causèrent, notamment l’histoire d’une blennorragie, que M. de Brissac aurait intentionnellement donnée à sa femme et que celle-ci aurait intentionnellement transmise au cardinal.
Nous reproduisons le passage des Mémoires qui a trait à cet incident de la vie d’un prince de l’Église. Les détails de ce récit sont si pleins de saveur que nous ne voulons rien en retrancher.
« Je prêchai, le jour de Noël, dans Saint-Germain-l’Auxerrois. J’y traitai particulièrement de ce qui regarde la charité chrétienne. Toutes les bonnes femmes pleurèrent en faisant réflexion sur l’injustice de la persécution qu’on faisait à un archevêque qui n’avait de la tendresse que pour ses propres ennemis. Je connus, au sortir de la chaire, par les bénédictions qui me furent données que je ne m’étais pas trompé dans la pensée que j’avais eue que ce sermon ferait un bon effet. Il fut incroyable et passa de bien loin mon imagination.
Il arriva, à propos de ce sermon, un incident très ridicule pour moi, mais dont je ne puis m’empêcher de vous rendre compte pour avoir la satisfaction de ne rien avoir omis.
Mme de Brissac, qui était revenue depuis trois ou quatre mois à Paris, avait une petite incommodité que Monsieur son mari lui avait communiquée à dessein, à ce qu’elle m’a dit depuis, et par la haine qu’il avait pour elle. Je crois, sans raillerie, que, par le même principe, elle résolut de m’en faire part. Je ne la cherchais nullement ; elle me rechercha, je ne fus pas cruel. Je m’aperçus que j’eusse mieux fait de l’être. Mon médecin ordinaire se trouvant par malheur à l’extrémité, et un chirurgien domestique que j’avais venant de sortir de chez moi, parce qu’il avait tué un homme, je crus que je ne pouvais m’adresser mieux qu’au duc de Noirmoutier, qui était mon ami intime, et qui en avait un bon et très affidé ; et quoique je le connusse assez pour n’être pas secret, je ne pus pas m’imaginer qu’il put être capable de ne pas l’être en cette occasion.
Comme je sortais de chaire, Mlle de Chevreuse dit : “Voilà un bon sermon”. Noirmoutier, qui était près d’elle, lui répondit : “Vous le trouveriez plus beau, si vous saviez qu’il est si malade à l’heure qu’il est qu’un autre que lui ne pourrait pas seulement ouvrir la bouche”. Il lui fit entendre la maladie à laquelle j’avais été obligé, l’avant-veille, parlant à elle-même, de donner un autre tour. Vous pouvez juger du bel effet que cette indiscrétion, ou plutôt cette trahison, produisit. »
Le cardinal tenait de sa famille un tempérament amoureux qui fut cause de mésaventures analogues. Voici en quels termes Tallemant des Réaux parle de son oncle Jean-François de Gondi, premier archevêque de Paris :
« Il a vécu toujours licencieusement pour ce qui est des femmes… Il avait une fine verge qui le rongeait. Nonobstant celle-ci, il n’a pas laissé de vivre assez longtemps. Depuis quelques années, le vice l’avait quitté absolument ; il n’y avait plus moyen de rire…»
Beautru a la même opinion sur les mœurs de l’archevêque. À propos d’une chapelle, que ce prélat avait dédiée à une sainte : « Je ne croyais pas, écrit-il, qu’elle dût être dédiée à une autre que Sainte Rêne (qu’on invoquait contre les maladies galantes, mais aussi contre la gale, la teigne et la rogne ; et, en général, contre toutes les affections caractérisées par des éruptions de boutons ou de pustules) ».
Le cardinal de Retz était donc le digne neveu de son oncle, son digne coadjuteur. Ses confessions le montrent avec évidence.
Il fut éloquent en parlant de la charité chrétienne, il l’eût été davantage en parlant de la chasteté : de cuisants remords eussent excité sa chaude parole et il eût provoqué un flot de larmes chez les bonnes femmes qui écoutaient religieusement, dans Saint-Germain-l’Auxerrois, le jour de Noël, le sermon de leur pieux évêque.
PS : puisqu’il est question de blennorragie, citons une thèse devenue légendaire à Strasbourg, dans les années 1870, à cause de sa dédicace : « De la blennorragie chez la femme. À ma mère ! À mes sœurs ! »
(D’après une communication du Pr Debove à l’Académie de médecine parue dans La Chronique médicale, 1912)
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