Le changement est certainement passé inaperçu aux yeux du quidam. Mais pour les membres de la Commission Technique des vaccinations (CTV), leur transfert de la tutelle du Haut Conseil de la Santé publique à celle de la Haute Autorité de Santé en mai 2017, a des incidences positives.
Pour la présidente de la CTV, le Pr Élisabeth Bouvet, « le rattachement de la CTV à la HAS, une autorité qui jouit d'une bonne réputation scientifique, est de nature à rétablir la confiance ». Une évolution nécessaire dans le double contexte actuel de défiance vaccinale et d’insuffisance de couverture vaccinale ayant conduit à la résurgence de la rougeole en France ces derniers mois.
Surtout, la CTV et la Commission de transparence avancent désormais sous le même pavillon HAS. Selon le Pr Daniel Floret, vice-président de la CTV, « cette nouvelle organisation devrait permettre d'éviter les avis divergents qu'il y a pu avoir par le passé. Une recommandation vaccinale sur un vaccin non remboursé au final, est de nature à semer la confusion. » Cet expert en vaccinologie se félicite aussi de la « meilleure prise en compte de l'évaluation médicoéconomique, fondamentale dans la prise de décision ». Par ailleurs, cette instance qui a la mission capitale d’élaborer des recommandations vaccinales et les stratégies à mettre en œuvre dans le contexte français, « s'est ouverte à d'autres compétences, avec un membre infirmier et un autre pharmacien par exemple (…) et aussi à la société civile, avec un représentant des usagers », souligne le Pr Floret.
Un an de travaux, 9 recommandations
Depuis sa mise en place, la CTV a émis 9 recommandations qui ont concerné :
– Le vaccin pneumococcique Synflorix® à propos duquel la commission s'est positionnée en sa défaveur. Par rapport au Prevenar 13, Synflorix couvre en effet les sérotypes 4, 6B, 9V, 14, 18C, 19 F, 23 F, 1, 5, 7 F mais laisse de côté les sérotypes 3, 6A, 19 A sans, semble-t-il, de protection croisée. Or le 19 A est porteur de résistance aux antibiotiques et est considéré comme le principal responsable du phénomène de remplacement sérotypique observé en France.
– La vaccination antigrippale. « Nous avons montré que les nouveaux vaccins contre la grippe, Vaxigrip Tetra et Influvac Tetra, peuvent s'insérer dans la stratégie existante, selon les indications de leur AMM », indique Catherine Rumeau-Pichon, adjointe à la directrice de l'évaluation médicale, économique et de santé publique de la HAS ;
– La place du vaccin hexavalent Vaxelis® a été précisée. À savoir la primo-vaccination et le rappel du nourrisson selon les schémas actuels du calendrier vaccinal ;
– Les pénuries ou arrêts de commercialisation ont également fait l'objet de recommandations. L'arrêt de commercialisation du vaccin contre la rougeole Rouvax® a entraîné l'actualisation des recommandations des vaccinations chez les nourrissons de moins 12 mois – en situation d’exposition - en préconisant désormais le ROR chez les plus de 6 mois. Concernant la pénurie du vaccin pneumococcique non conjugué 23-valent, Pneumovax®, la HAS a énoncé la liste des situations prioritaires ;
– Le contexte de couverture vaccinale insuffisante à Mayotte a amené la CTV à autoriser, dans l’urgence du rattrapage vaccinale chez les enfants de 0 à 6 ans, la co-administration de certains vaccins dans des sites d’injection différents. Et à permettre la vaccination contre la coqueluche chez les femmes enceintes compte tenu du contexte épidémique local ;
– L’entrée en collectivité qui doit faire l'objet d'une vérification du statut vaccinal ainsi que la nécessité des rappels contre le DTP et la coqueluche aux âges de 6 ans et de 11-13 ans.
HPV pour les garçons, référentiel grippe pour les pharmaciens
Pour les mois et l’année à venir, la CTV réfléchit à l’extension de la vaccination anti-HPV aux garçons. Et le Pr Floret rappelle que « cette stratégie est déjà appliquée dans de nombreux pays occidentaux ». Le Pr Bouvet pointe la nécessité de mesurer l’acceptabilité d’une telle mesure, en amont de toute décision, dans le contexte actuel peu propice à la vaccination.
En amont de la prochaine campagne de vaccination contre la grippe en direction des personnes fragiles, la HAS établira une note relative au transfert de compétences des vaccinateurs, en l’occurrence les pharmaciens. Cette préconisation précisera, entre autres, les conditions et les modalités de vaccination pour ces professionnels.
Aussi, des recommandations sur les vaccinations contre le méningocoque B et le virus Ebola sont en cours d’élaboration.
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