La vaccination officinale, c’est à dire la possibilité de se faire vacciner directement par un pharmacien n’a sans doute pas fini de faire débat en France. Même si -à la demande des syndicats de médecins- elle a finalement été réduite à des expérimentations dans le cadre de la réforme Touraine, la plupart des organisations de pharmaciens y sont favorables. A commencer par l’Académie de pharmacie qui publie cette semaine un bilan flatteur de ce qui se passe déjà à l’étranger. Certains pays en Europe comme le Portugal, le Royaume-Uni et l’Irlande ou d’autres dans le monde comme les Etats-Unis ou le Canada proposent en effet dèjà ce service à leurs populations.
Selon l’Académie Nationale de pharmacie, les conclusions penchent plutôt vers l’ouverture de la vaccination aux pharmaciens, moyen efficace et accessible à ses yeux d’augmenter une couverture vaccinale française, "insuffisante pour certaines infections notamment chez les adolescents et les adultes". Au Portugal, 98% des populations qui ont été vaccinées par leur pharmacien ont été satisfaites d’autant qu’il s’agit "d’une procédure peu onéreuse " précise l’académie. Et même si le pays a limité l’intervention des pharmaciens, 13,1% des Portugais qui ont été vaccinés en officine, notamment contre la grippe, recevaient pour la première fois leur dose, ce qui pour l’Académie prouve que "l’extension de ce droit aux pharmaciens élargit la couverture vaccinal au dela des populations habituellement touchées".
Même constat en Grande-Bretagne, où depuis 2002 et l’instauration du service pharmaceutique renforcé qui permet aux pharmaciens de vacciner, la couverture vaccinale a augmenté. Cette dernière à été portée de 59% en 2005 à 76% en 2008 et notamment chez les plus de 65 ans sur le vaccin pour la grippe qui "peut-être prescrit à un patient sans autorisation médicale préalable".
Au Canada, les résultats sont aussi très encourageants, si l’on en croit les chiffres de l’Académie. En effet, sur 2492 Canadiens vaccinés en pharmacie, 92% se sont montrés très satisafaits et 86 % d’entre eux ne voient pas de différence entre la vaccination par un médecin et par un pharmacien. Ils seraient même 99% à recommander ce type de procédure à des amis ou à des proches. Comme au au Portugal et en Grande Bretagne, "la commodité et l’accessibilité sont les atouts majeurs qui ont été mis en avant" précise l’Académie; "28 % des personnes disent qu’elles n’auraient pas été vaccinées si le pharmacien ne leurs avaient pas proposées".
Si tous les voyants semblent au vert pour lancer le procédé en France, les pharmaciens de l’Académie rappellent toutefois que cela ne peut se faire sans des conditions précises notamment de formations et de pratiques : "aucun pharmacien ne saurait être habilité à vacciner sans une formation préalable adaptée lui permettant de renforcer ses compétences sur les aspects scientifiques, techniques et réglementaires touchant aux vaccins et à la vaccination". L’Académie fait ici référence au fait que la sécurité et l’efficience des pratiques vaccinales (protocoles, qualification des vaccinateurs, information réciproque des praticiens), peuvent être résolues à court terme grâce à la formation professionnelle et à des systèmes d’information dédiés (dossier de suivi, carnet électronique). Mais en conclusion, elle assure aussi que ce projet ne peut être réalisable "qu’en étroite relation avec les autres professionnels de santé, les médecins en particulier".
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