Une première étape vers l'autorisation du cannabis thérapeutique vient d'être franchie en France. Le comité d'experts de l'Agence française de sécurité du médicament (ANSM), chargé d'une mission par le gouvernement, a rendu ce jeudi un avis positif. Mais la voie reste longue avant la mise sur le marché.
Les experts jugent « pertinent d'autoriser l'usage du cannabis à visée thérapeutique (...) dans certaines situations cliniques et en cas de soulagement insuffisant ou d'une mauvaise tolérance des thérapeutiques » existantes. L'ANSM a identifié plusieurs situations dans lesquelles le cannabis pourrait être prescrit en complément d'autres traitements : douleurs réfractaires aux thérapies accessibles, certaines formes d'épilepsies, soins de support en oncologie, situations palliatives et contractions musculaires affectant les malades de sclérose en plaques.
Une loi pas avant 2020
Ce premier avis sera suivi de plusieurs mois de travail pour définir les modalités de mise à disposition du cannabis, si le comité d'experts est suivi par l'Agence du médicament. Suivra une décision politique, pour décider d'une éventuelle modification législative. Le cannabis thérapeutique ne devrait ainsi pas arriver sur le marché avant 2020.
Le Comité préconise qu'un registre national d'évaluation de son bénéfice/risque soit mis en place ainsi qu'une évaluation des effets indésirables faite par les réseaux de pharmacovigilance et d'addictovigilance et que la recherche soit favorisée. Les experts ont d'emblée exclu « la voie d'administration fumée », compte tenu des risques de la combustion pour la santé, tout aussi cancérigènes que le tabac.
Non au joint
D'autres voies d'administration vont être étudiées: sprays, inhalation, gélules, gouttes, suppositoires, huiles, voie sublinguale, patch... Le mode de délivrance des produits ainsi qu'un éventuel remboursement restent à définir. En France, un seul médicament à base de cannabis, le Sativex®, a obtenu son autorisation de mise sur le marché (AMM) en 2014 pour les raideurs et contractions musculaires de la sclérose en plaques, mais il n'est pas commercialisé faute d'accord sur le prix entre le laboratoire et les autorités de santé. D'autres médicaments comme le Marinol® sont accessibles uniquement avec une autorisation temporaire nominative, ce qui en restreint considérablement l'usage.
Une trentaine de pays dans le monde dont de nombreux états américains et le Canada autorisent déjà le cannabis thérapeutique, dont 21 de l'Union européenne ainsi que la Suisse, la Norvège, Israël et la Turquie.
Avec AFP
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