Dépister ou ne pas dépister les cancers de prostate ? Telle est la question à laquelle a essayé de répondre, de manière non univoque, le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (15 novembre 2016), consacré à cette tumeur et intitulé « Cancer de la prostate : actualité épidémiologique en France ».
Le BEH commence par rappeler qu’il s’agit du cancer le plus fréquent chez l’homme, et que sa survie s’est considérablement améliorée depuis les années 1990, « phénomène observé dans tous les pays où l’usage du PSA s’est développé ». Pour autant, de nombreuses questions continuent à se poser sur ce dosage.
Une balance bénéfice risques insuffisamment favorable
Ainsi la HAS a considéré dans ses évaluations successives « comme toutes les agences d’évaluation dans le monde » que la balance bénéfices risques n’était pas suffisamment favorable. L’analyse critique, en 2010, des deux principales études européennes, et américaines (European Randomized Study of Screening for Prostate Cancer ou ERSPC et Prostate, Lung, Colorectal and Ovarian Cancer Screening ou PLCO) avait déjà indiqué qu’il n’était pas possible de conclure au bénéfice de ce genre de programme en population.
Les sociétés savantes d’urologie ont, quant à elles, un avis plus favorable et recommandent sa réalisation.
Surdiagnostic et surtraitement mais baisse des formes graves
Selon le BEH, si le dépistage et le diagnostic précoce du cancer de la prostate sont à l'origine d'un sur-diagnostic et d'un risque de sur-traitement pour des cancers de faible agressivité et de bon pronostic, très majoritaires parmi les nouveaux cas diagnostiqués, mais ils ont aussi provoqué une baisse du nombre des formes graves.
Actuellement en France, la fréquence de ce dosage reste élevée chez les hommes de plus de 40 ans. En 2014, 48 % d’entre eux avaient réalisé un dosage du PSA dans les trois années précédentes, cette fréquence atteignant 90 % pour les hommes âgés de 65 à 79 ans. De plus, une évolution des pratiques visant à limiter le surdiagnostic et le surtraitement semble amorcée. La proportion d’hommes ayant eu au moins une biopsie de la prostate diminue ainsi de 0,57 % en 2009 à 0,38 % en 2014 et atteint 0,41 % en 2015.
La question d’une IRM multiparamétrique en chaînon manquant entre le dosage du PSA et la biopsie de la prostate reste posée. Le BEH révèle que la proportion d’hommes ayant eu une IRM de l’abdomen et du petit bassin avec injection intraveineuse de produit et une biopsie est en augmentation entre 2013 (18 %) et 2 015 (27 %).
IRM : une valeur ajoutée qui reste à préciser
Concernant cet examen, quelles sont les données actuelles ? Chez les patients aux antécédents de biopsie négative avec un doute persistant de cancer de la prostate, la littérature montre clairement une augmentation du taux de détection de cancers agressifs lorsque des biopsies ciblées sont ajoutées aux biopsies systématiques. En conséquence, la plupart des sociétés savantes recommandent la réalisation d’une IRM-mp avant re-biopsie. Mais la valeur ajoutée de l’IRM-multiparamétrique est moins nette dans la population des patients adressés pour une première série de biopsies, bien que plusieurs études multicentriques contrôlées soient en cours pour quantifier son apport.
Dans un communiqué de presse, à propos de ce numéro du BEH, l’INCa réclame, quant à lui, une information préalable des hommes afin de permettre une décision éclairée, lorsqu’on leur propose le dépistage et renvoie pour cela à l’outil d’information qui a été distribué par l’Institut aux médecins généralistes. Une brochure "S'informer avant de décider "est également à la disposition des patients.
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