Voilà un argument qui apportera sans doute de l’eau au moulin des militants anti-alcool. Selon une étude menée en Italie, le resvératrol, contenu dans le vin rouge, certains fruits et le chocolat noir, n'aurait rien de miraculeux pour la santé, contrairement à qu'on supposait. Jusqu’alors, cet antioxydant était considéré comme l'explication du "paradoxe français", qui explique que la relativement faible incidence des maladies cardiovasculaires en France, malgré un régime alimentaire riche en cholestérol et graisses saturées, résultait d'une consommation régulière de resvératrol et d'autres polyphénols, très présents dans le vin rouge notamment.
Cette nouvelle recherche, effectuée avec un groupe de population vivant en Toscane où est produit le Chianti, écorne un peu ces constatations. Elle montre que finalement ceux qui avaient un régime alimentaire avec de fortes teneurs de resvératrol ne vivraient pas plus longtemps et n'auraient pas moins de maladies cardiovasculaires ou de cancer que ceux consommant de faibles quantités de cet antioxydant. "L'histoire du resvératrol s'avère être un nouveau cas d'une substance ayant fait l'objet d'un énorme battage médiatique quant à ses bienfaits pour la santé qui ne se confirment pas", souligne le Dr Richard Semba, professeur d'ophtalmologie à la faculté de médecine Johns Hopkins à Baltimore (Maryland, nord-est des Etats-Unis), principal auteur de cette recherche publiée dans le Journal of The American Medical Association, Internal Medicine.
"L'idée était que certains aliments ou boissons étaient bons pour vous parce qu'ils contenaient du resvératrol et nous n'avons pas du tout constaté cela", ajoute-t-il. Pour autant, malgré ces résultats négatifs, des études montrent que la consommation de vin rouge, de chocolat noir et de baies réduit l'inflammation chez certaines personnes et ont des effets protecteurs pour le coeur. D’où une nouvelle hypothèse du Dr Semba : "ces effets bénéfiques (...) doivent provenir d'autres polyphénols ou substances trouvées dans le vin et ces aliments". "Il s'agit d'aliments complexes et tout ce que nous pouvons dire, avec les résultats de notre étude, c'est que ces bienfaits ne proviennent sans doute pas du resvératrol", souligne-t-il.
Les travaux publiés lundi dans le JAMA font partie d'une recherche menée par un groupe international depuis quinze ans, visant à étudier les effets du vieillissement dans un groupe de personnes vivant dans la région des vignobles de Chianti. Pour cette dernière étude, les chercheurs ont analysé pendant 24 heures l'urine de 783 personnes de plus de 65 ans pour des molécules résultant du métabolisme du resvératrol.
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