Vers 1812, la chaire de médecine opératoire se trouvant vacante par la mort de Sabatier, un brillant Concours s’ouvrit à cette occasion entre Dupuytren, Roux, Marjolin et Tartra. Ce fut comme un vrai combat tant l’émulation des rivaux dégénéra en animosité. Il y eut des injures publiques, des défis personnels, et jusqu’à des cartels. En vain plusieurs des rivaux de Dupuytren le surpassèrent en mémoire, en connaissances solides et en facilité ; Dupuytren voulait occuper la chaire de médecine opératoire, c’était son but avoué ; il resta vainqueur dans cette lutte, mais grâce à un subterfuge.
Dupuytren composant péniblement ne put livrer sa thèse sur la lithotomie le jour assigné par ses juges. Aux termes des règlements et selon le vœu de ses concurrents, il aurait dû se retirer de la lice. Mais un libraire, éditeur de Dupuytren, et comme tel vivement intéressé à ses succès, prétendit que le retard des épreuves devrait être imputé à l’imprimeur : en conséquence ; il fit attester par tous les compositeurs typographes qu’une des formes était tombée en pâte. Et c’est ainsi que Dupuytren dut à un certificat complaisant l’obtention d’une place indispensable à sa haute fortune « qu’il ne dut qu’à lui-même et qui, pour être sans exemple dans notre profession n’en est pas moins le fruit de ses travaux », disait Orfila, en 1835, à ses obsèques.
Dupuytren était aussi âpre au gain. « Ayant appris qu’Astley Cooper possédait plus de six millions, tous ses efforts tendirent à ne point rester en arrière de son illustre rival. C’était là, pour ainsi dire, son idée fixe, la force occulte et fatale qui le poussait, son rocher de Sisyphe qu’il roulait sans cesse et presque sans espoir » (R.P., Gaz. Méd. De Paris, 1838, p. 503). Astley Cooper, dont les honoraires annuels se sont élevés jusqu’à 525 000 francs, gagnait en moyenne 375 800 francs par an. Un de ses domestiques gagna en un an 21 000 francs en distribuant des tours de faveur (Ann. Chir. Franç. Et étrang., 1841, II, 112). Grâce à son immense fortune, Dupuytren donna deux millions de dot à sa fille, Mme de Beaumont, et lui laissa sept millions en héritage. On disait en 1835, qu’outre les 200 000 francs affectés au musée qui porte son nom, il avait encore disposé d’une somme de 300 000 francs pour la fondation d’une maison de retraite où devaient être entretenus à perpétuité douze vieux chirurgiens infirmes et maltraités de la fortune, tristes victimes de l’ingratitude publique ou des vicissitudes gouvernementales (Bourdon, illustres médecins et naturalistes des temps modernes, Paris, 1844, p. 408).
(La Gazette médicale de Paris, 1900)
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