Janvier 2024. Le comité de pharmacovigilance (Prac) de l’Agence européenne du médicament (EMA) lance une revue des données sur les cancers secondaires à un traitement par CAR-T cells pour en évaluer le risque. Aujourd’hui, le comité alerte les professionnels de santé sur l’existence du risque de cancers secondaires liés aux lymphocytes T après ce type d’immunothérapie pour le traitement de certains cancers hématologiques, avec six types de cellules disponibles en France. Ce risque avait été identifié dès l’autorisation de mise sur le marché.
Début juin 2024, un article publié dans le The New England Journal of Medicine faisait état de ce risque par la Food and Drug Administration (FDA) aux Etats-Unis. L’agence de santé américaine a ainsi conclu à une incidence faible de 6,5 % à trois ans de seconde tumeur hématologique. Dans un éditorial associé, deux chercheurs de l’Université de Cambridge ont rappelé quant à eux « le risque de base d'une deuxième tumeur maligne à cellules T plus élevé chez les patients ayant déjà eu un lymphome à cellules B, même en l'absence de thérapie par CAR-T cells », ce qui suggère « un effet plutôt concomitant que direct ».
Un peu plus d’une vingtaine de cas signalés aux États-Unis
Pour rappel, à la suite du signalement de 20 à 25 cas de lymphomes T pouvant être associés à une thérapie par cellules CAR-T administrée pour le traitement d’un cancer, la FDA avait initié une étude de cohorte prospective. L’équipe de l’Université de Stanford (États-Unis) a réétudié 724 cas de patients traités dans leur centre depuis 2016. Ont ainsi été identifiées 25 tumeurs secondaires, hors carcinomes de la peau, dont 14 tumeurs hématologiques et 11 solides. Les auteurs ont estimé à 6,5 % l’incidence cumulative d'une seconde tumeur hématologique à trois ans.
En Europe, le Prac a réalisé une revue de données pour six types de cellules CAR-T afin de rechercher les cancers secondaires liés aux lymphocytes T (lymphomes et leucémies). À savoir que le cancer secondaire est considéré comme différent du premier cancer pour lequel le patient a été traité par CAR-T cells. En France, les médicaments concernés sont l’Abecma (idecabtagene vicleucel), le Breyanzi (lisocabtagene maraleucel), le Carvykti (ciltacabtagene autoleucel), le Kymriah (tisagenlecleucel), le Tecartus (brexucabtagene autoleucel) et le Yescarta (axicabtagene ciloleucel).
En Europe, sept cas associés pour 38 évalués
À la suite de l’étude des données, le Prac « a confirmé que des cancers secondaires liés aux cellules T peuvent survenir après un traitement par CAR-T cells ». Après avoir évalué 38 cas de cancers secondaires parmi les 42 500 patients traités, les experts ont conclu à une implication des CAR-T cells dans sept cas, une construction génétique des CAR-T cells ayant été relevé à l’analyse biologique. Cependant, seule la moitié des cas de cancers secondaires ont pu faire l’objet d’un prélèvement. Ces cas de cancers secondaires à une thérapie par CAR-T cells ont été rapportés dans les semaines et jusqu’à plusieurs années après l’administration du traitement.
Le Prac rappelle qu’en cas d’apparition d’une tumeur maligne secondaire chez un patient traité avec CAR-T cells, les professionnels de santé doivent contacter le titulaire de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) afin d’obtenir les modalités de prélèvements d’échantillons d’analyse chez le patient, conformément aux recommandations du résumé des caractéristiques du produit (RCP). Il mentionne également que, le risque étant connu initialement, les patients traités par ces thérapies sont à suivre tout au long de leur vie.
Enfin, les autorités de santé ont annoncé que les notices et RCP seront mis à jour, tout comme les plans de gestion des risques. Une lettre sera aussi envoyée aux professionnels de santé.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce