Nous en avions fait écho lors du dernier congrès Asco 2019 qui avait dévoilé les résultats remarquables et remarqués de thérapies ciblées, dont le larotrectinib, dans les tumeurs solides de l’enfant (cf article Décision Santé de Juillet 2019) - molécules également évaluées chez l’adulte (étude NAVIGATE de phase II). Cette fois, l’actualité est marquée par l’autorisation européenne de mise sur le marché du larotrectinib (Vitrakvi®, laboratoires Bayer), inhibiteur sélectif des récepteurs TRK administré par voie orale, conçu exclusivement pour traiter les tumeurs présentant une fusion d’un gène NTRK (Neurotrophic Tyrosine Receptor Kinase). Cette décision intervient après ceIle obtenue aux Etats-Unis, au Canada. Vitrakvi® est indiqué pour le traitement des patients adultes et pédiatriques atteints d’une tumeur solide localement avancée ou métastatique, présentant cette anomalie génomique rare.
La médecine de précision, une nouvelle page de l’histoire en oncologie
Cette indication est indépendante de la localisation et de l’histologie tumorales ; le gène de fusion NTRK est retrouvé en effet dans un large éventail de tumeurs solides ; l’AMM est qualifiée d’agnostique. Pour le Pr Jesus Garcia-Foncillas (OncoHealth Institute, Madrid), « la médecine de précision ouvre une nouvelle page de l’histoire de la cancérologie. Vitrakvi® est le premier traitement avec une indication agnostique validée en Europe, ciblant un driver oncogénique. Le larotrectinib permet d’obtenir un taux de réponse élevé et durable chez les adultes et les enfants atteints d’un cancer avec fusion NTRK, dont les tumeurs primitives du SNC et les métastases cérébrales. Dans les études cliniques, le taux de réponse global associé au larotrectinib est de 72 %, dont 16 % de réponse complète, et 75 % des patients sont toujours en cours de traitement après un an. Le profil de tolérance du larotrectinib était favorable : la majorité des événements indésirables (EI) était de grade 1 ou 2 ; seuls 3 % des patients ont dû arrêter le traitement en raison d’EI survenus au cours du traitement. »
De nouveaux résultats présentés au congrès de l’Esmo (#445P) confirment l’efficacité agnostique du larotrectinib et une durée de réponse longue avec un bon profil de tolérance.
L’indispensable test compagnon
Le diagnostic s’appuie sur un test compagnon réalisé grâce à différentes techniques (immunohistochimie, FISH, RT-PCR, NGS) pour identifier l’altération génomique NTRK, driver oncogénique, favorisant la croissance tumorale. De récentes recommandations de l’Esmo (1) ont été publiées pour la détection du gène de fusion NTRK.
Vers de nouvelles thérapies ciblant les récepteurs TRK
Après l’acquisition de Loxo Oncology par Eli Lilly and Company en février 2019, Bayer a obtenu les droits exclusifs de licence pour la fabrication et la commercialisation mondiales, y compris aux États-Unis, du larotrectinib et de BAY 2731954 (anciennement LOXO-195), inhibiteur de TRK expérimental, qui est en cours de développement clinique.
De nouveaux résultats sur la durée de réponse sont attendus dans le cadre de l’Esmo.
(1) Marchio C., et al. ESMO recommendations on the standard methods to detect NTRK fusions in daily practice and clinical research. Ann Oncol. 2019, Jul 3.
D’après une conférence de presse organisée par les laboratoires Bayer dans le cadre du congrès européen de cancérologie, congrès Esmo.
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