A peine 25 ans après la découverte du VHC, l’hépatite C est-elle en passe d’être éradiquée ? Alors qu’en début de semaine, le 7ème congrès « Paris Hepatitis Conference » a été l’occasion de souligner les progrès thérapeutiques majeurs réalisés dans cette pathologie, une étude du NEJM publiée jeudi dernier enfonce le clou. Elle montre qu’une bithérapie orale de 24 semaines par daclatasvir/sofosbuvir avec ou sans ribavirine permet une réponse virologique « soutenue » (VHC indétectable dans le sang 12 semaines après l’arrêt du traitement) chez plus de 90% des malades. Cela y compris chez les patients de génotypes de type 1, classiquement plus difficiles à traiter, qu’ils soient naïfs de traitement ou en échec de tritérapie par interféron pégylée / ribavirine/ inhibiteurs de protéase. Côté tolérance, les auteurs rapportent relativement peu d’effets secondaires essentiellement à type de nausées, migraines, et fatigue.
100% de guérison dès 2015 ?
Le sofosbuvir (un inhibiteur nucléotidique de la polymérase NS5B) comme le daclatasvir (un inhibiteur de la polymérase NS4B ) font partie des nouveaux traitements oraux de l’hépatite C baptisés « antiviraux directs ». S’y ajoutent des inhibiteurs de protéase de 2ème génération comme le siméprévir. Plus efficaces, pangénotypiques, très bien tolérés et quasiment exempts de résistance, ces nouveaux venus pourraient permettre d’atteindre dès 2015 des taux de guérison proches de 100% et de s’affranchir à terme de l’interféron voire de la ribavirine, espère le Pr Raymond Schinazi (Atlanta), l’un des spécialistes qui a le plus contribué à la découverte de ces nouvelles molécules. Avec probablement des durées de traitement raccourcies à 8 voire 6 semaines pour certains patients. De quoi bouleverser et simplifier considérablement la prise en charge des patients dans les années à venir.
AMM européenne pour le sofusbuvir
Témoin de cette dynamique, le sofosbuvir (Sovaldi, laboratoire Gilead Sciences) vient tout juste d’obtenir une AMM européenne après une procédure d’évaluation accélérée. Le siméprévir devrait suivre dans les mois à venir et au total plus de 15 molécules arrivent en phase finale de développement. Reste à affiner les stratégies thérapeutiques en fonction du profil des patients. Reste aussi à améliorer le dépistage puisque, en France, près de 35% des sujets VHC+ (soit 90 000 environ) ignorent leur statut sérologique. Sur ce point les experts appellent à revoir les recommandations actuelles qui prônent un dépistage ciblé sur une dizaine de facteur de risque et évoquent la possibilité d’un dépistage systématique.
Reste enfin le problème du prix et de l’accès au traitement puisque ces nouvelles molécules devraient coûter environ 2 fois plus cher que les traitements actuels, soit autour de 80 000 euros par cure.
Mais d’ores et déjà, pour les spécialistes réunies à Paris en ce début de semaine « il est clair que scientifiquement les conditions sont réunies pour aboutir à terme à l’éradication de l’infection à VHC »…
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