Jusqu’à récemment les sarcomes étaient considérés comme une pathologie non sensible à l’immunothérapie. En 2018, le premier essai européen qui évaluait l’efficacité dans cette pathologie avait montré qu’un seul patient sur 50 inclus avait été répondeur. La survie sans progression était extrêmement faible, inférieure à deux mois. La conclusion était que l’immunothérapie dans les sarcomes avancés était peu efficace.
Changement de décor radical raconté par Antoine Italiano (Unicancer Bordeaux) invité aux RCFR 2020*. « Avec le centre de recherche des cordeliers (Pr Catherine Sautes-Fridman), nous avons entrepris une autre étude pour comprendre la classification immunologique des sarcomes et le micro-environnement tumoral de ces tumeurs. Via une approche bioinformatique qui permet d’évaluer un profil d’expression, l’abondance des populations immunes dans ces tumeurs, nous avons analysé une cohorte de 700 patients atteints de sarcomes. »
Résultat, 15 à 20% de ces patients étaient caractérisés par une fracture immunologique très particulière, notamment par une infiltration par des lymphocytes B. Ensuite, ce profil immunologique a été corrélé avec le pronostic des patients. Ces patients ayant une signature B avaient un bien meilleur pronostic, un risque bien moindre de rechute métastatique et une meilleure survie globale. L’étape suivante a été de corréler ce profil d’expression génique avec le micro-environnement tumoral in situ en analysant les tumeurs. Ces patients présentaient des structures lymphoïdes tertiaires (TLS) : il s’agit d’un agrégat de cellules B et T antigènes qui reproduisent la structure des ganglions. Ces TLS ont été déjà été décrites dans la plupart des cancers et ont été associées à de meilleurs pronostics.
Question posée par les chercheurs : Ces TLS sont-ils corrélés à la réponse à l’immunothérapie chez les patients atteints de sarcomes ? Une analyse rétrospective a été réalisée dans une autre étude. Résultat majeur, les patients répondeurs dans ces deux études étaient tous caractérisés par la présence de TLS au niveau du microenvironnement tumoral.
Conclusion, certains sarcomes sont sensibles à l’immunothérapie. Ils sont caractérisés par un micro-environnement tumoral qui traduit une coopération très forte entre les cellules T et les cellules B. Sur la base de ce travail publié dans la littérature a démarré il y a 18 mois un autre essai d’immunothérapie personnalisée chez les patients atteints de sarcomes. La méthode utilisée a été de sélectionner les patients sur la base de la présence ou non de TLS. « Ceux-ci sont un nouveau marqueur prédictif de la réponse à l’immunothérapie chez les patients atteints de sarcomes », explique Antoine Italiano. Les résultats de cette dernière étude seront rapportés en janvier prochain.
Commentaire de Frédérique Penault Llorca DG d’Unicancer Grenoble, « on connaît bien les TILS et nous avons tendance à ignorer les TLS qui sont très utiles. Il existe aujourd’hui des stratégies thérapeutiques visant à activer les TLS dans les tumeurs pour essayer d’optimiser certains traitements. Cela ne présente aucune difficulté pour nous de le faire en tant que pathologistes. »
*Session plénière 4 « La médecine de précision en ordre de marche ? », Retour d’expérience.
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