Après le décret du 12 octobre 2016 sur l’optique, ce deuxième décret réorganise la filière de santé visuelle et concerne cette fois les orthoptistes. Entré en application le 7 décembre 2016, Il s’appuie sur le rapport Igas (septembre 2015) de Dominique Voynet sur la restructuration de la filière visuelle. Ce décret modifie les règles relatives à l'exercice des orthoptistes et introduit la notion de protocole organisationnel pour la prise en charge des patients. Visant à réduire les délais d'attente en cabinet d'ophtalmologie, il définit de même précisément les actes relevant de la compétence des orthoptistes.
Nouvelles compétences des orthoptistes
Aussi, sur prescription médicale, ou dans le cadre d'un protocole organisationnel défini, l'orthoptiste est habilité à déterminer l'acuité visuelle et la réfraction et de nombreux autres examens essentiels. Le décret de réorganisation de la filière de santé visuelle, entré en application le 7 décembre 2016, permet donc de trouver une réponse adaptée au manque de médecins ophtalmologistes. En leur permettant de coopérer et collaborer avec les orthoptistes, un verrou saute. Les ophtalmologistes, en nombre insuffisant dans toute la France, vont pouvoir s’appuyer sur l’expertise de soignants formés à des actes de premier recours.
Entretien avec le Dr François Pelen, président de Point Vision
D. S. Comment votre entreprise Point Vision s’adapte-t-elle à l’évolution réglementaire apportée par ces nouveaux décrets ?
Dr François Pelen. Ces décrets ne sont pas nés par hasard. Ils sont issus de réflexions menées par les autorités tirées de deux rapports qui ont marqué l’évolution de la filière visuelle. D’abord celui de Dominique Voynet pour l'Igas (Inspection générale des affaires sociales), qui évoque d'ailleurs le mode de fonctionnement de Point Vision. Le second rapport, plus récent, est celui du cabinet de conseil Asteres dirigé par l’économiste Nicolas Bouzou, à l'occasion des Etats généraux de la santé visuelle de la Mutualité française. Il met en évidence nos éléments organisationnels les plus originaux. Ce que ces experts ont souligné, c’est que notre fonctionnement doit être fondé sur une collaboration et une coopération entre ophtalmologistes et orthoptistes. Chez Point Vision, nous avons, dans le fond, appliqué dès le début ce que le Snof (Syndicat national des ophtalmologistes français) préconise depuis maintenant plus de dix ans. Aussi, il nous est facile de nous adapter à ces évolutions réglementaires car nous avons déjà rédigé des protocoles organisationnels conformes aux préconisations du nouveau décret.
D. S. Que sont ces protocoles organisationnels chez Point Vision ?
F. P. : Deux protocoles sont déjà rédigés. Le premier concerne la consultation standard qui associe le médecin et l’orthoptiste. Un deuxième reprend une pratique expérimentée dans les Pays de Loire et qui concerne le renouvellement de lunettes (RNO) pour des patients déjà vus par un ophtalmologiste depuis moins de cinq ans. Notons que ces patients ne doivent pas présenter de pathologie particulière. Ils sont pris en charge par l’orthoptiste qui fait les mesures et la réfraction, prend des images de fond d’œil et envoie le dossier médical informatisé en télémédecine à un médecin qui le valide et adresse au patient le compte rendu et l'ordonnance. S’il n’y a pas de validation, il convoque le patient à nouveau.
La situation est -elle en train d’être améliorée en France ?
F. P : Je pense qu’une bonne collaboration entre professionnels de santé, grâce à ces décrets, va améliorer la situation. Même si, sans doute, il faudrait qu'un millier d'ophtalmologistes supplémentaires appliquent les protocoles organisationnels pour résoudre les problèmes des délais d'attente. Ces décrets permettent de faciliter la prise en charge en respectant la qualité des soins. Il ne saurait, en effet, être question de dégradation de celle-ci. Une démarche de certification (Noso) est d'ailleurs plus que souhaitable pour accompagner ces protocoles. Je considère qu’entre ce décret sur les orthoptistes et celui précédant sur les opticiens, la filière visuelle a fait un grand pas et s’est donnée les conditions d’une amélioration significative du service médical rendu aux Français.
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