La résistance aux antibiotiques sera-t-elle la nouvelle croisade sanitaire de Marisol Touraine ? Après avoir organisé cet été la mobilisation des pays partisans du paquet neutre de cigarettes, la ministre de la Santé se rendra au G7 Santé à Berlin les 8 et 9 octobre prochains, bien décidée à plaider pour "la nécessité d’une coordination internationale des initiatives prises par chaque Etat dans ce domaine." Si Marisol Touraine relance la mobilisation sur le sujet à la suite des Obama, Cameron et autres Merkel, c’est qu’elle a reçu mercredi le rapport du Dr Jean Carlet sur le phénomène. Il en ressort que près de 160.000 patients développent chaque année en France des infections dues à des bactéries multirésistantes aux antibiotiques et près de 13.000 en meurent. "Après une relative stabilisation au cours des années 2000, la consommation globale d'antibiotiques est à nouveau en hausse depuis 2010. Les statistiques sont mauvaises", a relevé la ministre, en recevant le rapport. "13.000 décès par an, c'est gigantesque", a-t-elle dit dans un discours prononcé à cette occasion.
Face à l'ampleur de ces chiffres issus d'une étude de l'Institut de veille sanitaire (InVS) cités dans le rapport, Marisol Touraine entend donc donner un "nouvel élan" à la lutte contre l'antibiorésistance et au plan d'alerte sur les antibiotiques 2011-2016. Un plan qui a fixé comme objectif de réduire la consommation d'antibiotiques de 25%. Pour la ministre de la Santé, il convient de mieux coordonner au niveau national les actions de lutte contre l'antibiorésistance avec pour objectif de "faire passer la mortalité liée à l'antibiorésistance au dessous de la barre des 10.000 décès par an". "Mauvais élève européen", la France consomme toujours trop d'antibiotiques. Elle consomme 30% d'antibiotiques de plus que la moyenne européenne et presque trois fois plus que les Pays-Bas, la Suède ou la Norvège, selon le rapport. Et de pointer le trop grande prescription d'antibiotiques en ville comme à l'hôpital pour expliquer ce fléau.
Dans le cadre d'une relance de la sensibilisation du public aux dangers de l'abus d'antibiotiques, la ministre soutiendra la demande d'associations de patients, le LIEN et AC2BMR, et de la société française de pathologies infectieuses, de faire de la lutte contre l'antibiorésistance la "grande cause nationale" pour 2016.La recherche et l'innovation sur le sujet vont aussi être encouragés à travers le lancement, dès 2016, d'un plan national interdisciplinaire de recherche sur l'antibiorésistance, piloté par l'Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan) et l'Alliance nationale de recherche pour l'environnement (AllEnvie).
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