La course continue entre Pfizer-BioNTech et Moderna, cette fois pour le développement d’un vaccin adapté à Omicron. En effet, alors que la 5e vague se poursuit, les laboratoires ont chacun annoncé le lancement d’essais cliniques visant à évaluer les performances de leur nouvelle formule spécifique du variant.
Rétablir l'efficacité des vaccins face à Omicron
Peu après la découverte d’Omicron et l’identification de son potentiel d’échappement vaccinal fin novembre, divers laboratoires avaient multiplié les annonces, promettant d’adapter rapidement leur vaccin à ce nouveau venu. Ainsi Pfizer avait-il affirmé qu’il pourrait mettre à disposition de la population une version actualisée de Comirnaty « en 95 jours ». Pour sa part, Moderna avait assuré pouvoir produire, en 2022, 2 à 3 milliards de doses d’une formule de Spikevax spécifique d’Omicron. Dans la foulée, l’Agence européenne des médicaments (EMA) avait même avancé sa capacité à approuver ces produits « dans les 3 à 4 mois » suivant le moment où les fabricants auront commencé à retravailler leur formule. « Nous sommes préparés », avait rassuré la directrice de l’agence, Emer Cooke.
Quelques semaines plus tard, Pfizer et Moderna ont confirmé la perte d'efficacité de leur vaccin initial face aux formes symptomatiques d’infection à Omicron. « De nouvelles données indiquent que la protection induite par le vaccin contre les infections et les maladies légères à modérées diminue plus rapidement que ce qui a été observé avec les souches précédentes », indique Pfizer dans un communiqué. « Les titres d’anticorps neutralisants contre Omicron diminuent plus rapidement que les titres contre la souche ancestrale du virus (D614G) », insiste également Moderna. Aussi les deux laboratoires ont-ils mis au point de nouveaux candidats vaccins à ARNm spécifiques du mutant, et lancé leurs essais cliniques de phase 2.
Des vaccins testés en primovaccination, ainsi qu'en 1er et 2e rappels
Dans le cadre de ces investigations, les deux entreprises ont prévu de tester les performances de leur candidat dans au moins deux indications : en premier rappel (3e dose) ainsi qu'en deuxième rappel (4e dose) administré180 jours (pour Pfizer) ou 3 mois minimum (pour Moderna) après un schéma réalisé avec la première version de leur vaccin.
Pfizer, qui prévoit d’inclure environ 600 patients - soit deux fois plus que Moderna - dans chaque cohorte de ces essais, envisage par ailleurs de tester l’efficacité de son vaccin en primo-vaccination auprès de 205 volontaires « n'ayant jamais été vaccinés, [qui] recevront trois doses du vaccin fondé sur Omicron ».
Des vaccins multivalents souhaitables
Toutefois, ces essais, et plus largement le développement de ces vaccins de nouvelle génération, posent question. D’abord, car les vaccins actuels continuent – comme l’admettent les laboratoires – de conférer un haut niveau de protection contre les formes graves. En effet, comme le souligne le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV) dans un récent avis, « trois doses de vaccin […] offrent déjà une protection de 88 % [78 %-93 %] contre l’hospitalisation due à Omicron ».
De plus, au regard de la capacité du SARS-CoV-2 à muter rapidement et fréquemment, l’EMA soulignait récemment l'importance de dévelpper des vaccins multivalents, ciblant diverses souches de virus. Car l’objectif des vaccins de nouvelle génération ne serait pas simplement de s’adapter a posteriori à une mutation du SARS-CoV-2, mais de prévenir de nouvelles chutes d’efficacité face à l’arrivée de nouveaux variants. D’autant que « le temps qu’un vaccin adapté à Omicron soit développé, il est possible que la situation épidémiologique [...] évolue significativement en termes de variants circulants et d’exposition naturelle à Omicron », notait Marco Cavaleri, directeur de la stratégie vaccination du régulateur.
La 4e dose rapprochée en question
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Moderna ne travaille pas uniquement sur un candidat spécifique d’Omicron, mais aussi sur un « programme de rappel multivalent » basé sur un cocktail d’ARNm associés à divers mutants, dont Omicron. Pfizer évaluerait lui aussi « le besoin potentiel d'un vaccin [...] qui soit efficace contre [Omicron], ainsi que contre d'autres variants ».
Enfin, les schémas testés par les laboratoires posent question, en particulier le second rappel (4e dose). Car diverses instances ont jugé qu’une 4e injection réalisée dans un délai relativement court (de quelques mois) après la 3e dose ne semble pas justifiée, voire contre-productive. Comme le relève le COSV, l’efficacité de la 3e dose contre les formes graves se maintient dans le temps. De plus, selon l’EMA, des rappels en série pourraient susciter un désengagement de la population, voire saturer le système immunitaire et diminuer véritablement l’efficacité des vaccins.
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