Décidément, le paracétamol aura eu un début d’année mouvementé ! Alors que mi-mars, une étude à la méthodologie critiquable semait le doute quand à sa tolérance cardiovasculaire, c’est désormais une méta-analyse du BMJ qui questionne son efficacité dans la lombalgie et l’arthrose.
Ce travail a screené les données de 13 essais randomisés portant sur cette question. Concernant la lombalgie, les résultats suggèrent que le paracétamol ne fait pas mieux que le placebo ni sur la douleur, ni sur le handicap, ni en termes de qualité de vie. Pour l’arthrose de la hanche et du genou, le verdict est moins sévère puisque les auteurs objectivent une différence faible mais significative en terme de douleur et de limitation fonctionnelle. Enfin, côté tolérance, l’article du BMJ rapporte un taux d’effets indésirables similaire au placebo même si « les patients sous paracétamol ont 4 fois plus de risque d’avoir un bilan hépatique perturbé ».
Des pratiques modifiées ?
Ces résultats seront-ils de nature à modifier les pratiques ? « Ce n’est pas parce qu’une étude est négative qu’au niveau individuel un patient ne peut pas être répondeur », répond le Pr Francis Berenbaum (Paris) pour qui la prescription de paracétamol reste justifiée à condition de s’assurer de son impact. « On peut, par exemple ; proposer aux patients d’interrompre leur traitement quelques jours et voir si cela change quelque chose. Si, à l’arrêt, les patients voient une recrudescence de leur douleur, c’est un argument pour reprendre le traitement ». Ce d’autant qu’il existe aujourd’hui peu d’alternatives. Dans un éditorial du BMJ, C. Mallen et al. (Keele University) plaident pour un plus large usage des AINS topiques « aussi efficaces que les AINS oraux dans l’arthrose du genou », mais avec moins d’effets secondaires. « Dans la gonarthrose, les AINS ont effectivement fait preuve d’une certaine efficacité, appuie le Pr Berenbaum, et il se peut qu’on ne les utilise pas suffisamment en France. En revanche pour la lombalgie aucune étude n’a démontré leur intérêt. »
Quand aux AINS oraux, s’ils sont efficaces, leur utilisation reste limitée du fait de leurs effets secondaires potentiels. Enfin, concernant les opioïdes, « les données dans l’arthrose et la lombalgie sont peu nombreuses » et le risque « d’abus » invite à la prudence. En revanche, tous les spécialistes s’accordent sur l’importance des traitements non pharmacologiques au premier rang desquels l’activité physique.
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