Les généralistes sont invités aux JFR pour la première fois. Pourquoi vous adressez-vous à cette spécialité ?
Pr Catherine Adamsbaum Nous avons beaucoup d’interactions avec les médecins cliniciens, car la radiologie touche toutes les spécialités. Les généralistes sont pourtant en première ligne pour les demandes d'examen et nous avons trouvé intéressant, pour améliorer le parcours du patient, d’échanger ensemble. Nous, radiologues, allons communiquer sur la pertinence des examens tandis que les généralistes présenteront leurs attentes. Sont-ils satisfaits de la façon dont leur reviennent les informations ? Souhaitent-ils voir les images, avoir plus de détails dans les comptes rendus ? Les sessions organisées le dimanche avec les généralistes doivent répondre à ces questions.
Comment évaluez-vous la pertinence des prescriptions d'imagerie des généralistes ? Existe-t-il des recommandations spécifiques ?
Pr C. A. Tout le corps médical vit aujourd’hui une surprescription parce que les patients sont demandeurs de beaucoup d’examens. Le médecin généraliste, qui a le malade dans son cabinet, est soumis à cette pression. Plus il sera à l'aise dans ses prescriptions, mieux il pourra répondre au patient. Il existe déjà des recommandations pour l’omnipraticien, mais elles ne sont pas pratiques. Le médecin n'y a pas accès facilement en consultation devant son patient et les portes d’entrée ne sont pas toujours par symptômes. Nous allons profiter de la collaboration avec les généralistes lors du congrès pour mettre en place, avec le collège de médecine générale, un guide de bon usage (GBU) dédié à cette spécialité. Il s'agira de bien comprendre quels sont les items auxquels ils sont fréquemment confrontés et de quoi ils ont besoin comme outils pratiques.
Comment améliorer les interactions entre généralistes et radiologues ?
Pr C. A. La communication est plus ou moins organisée selon les régions et le mode d’exercice. Pour parler de ce que je connais, la radiologie pédiatrique à Bicêtre, nous avons un partenariat avec les pédiatres et les généralistes qui nous adressent des enfants. Ces médecins peuvent nous téléphoner grâce à une ligne téléphonique disponible 24/24 h, finalement peu utilisée. Dans chaque région, il y a des initiatives de ce genre, que nous ne connaissons pas toujours. Les professionnels doivent s’emparer de ce type de réseaux.
De plus en plus de médecins se forment à l’échographie comme instrument diagnostique. Qu'en pensez-vous ?
Pr C.A. C'est une évolution normale. Il faut cependant bien distinguer deux types de pratiques en médecine générale. D'un côté, il y a ceux qui pratiquent l’échoscopie ciblée. Il ne s'agit pas de l’exploration de l’ensemble de la cavité abdominale mais du prolongement de l’examen clinique, une sorte de stéthoscope amélioré. D'autres généralistes, eux, se forment complètement à l’échographie et deviennent de très bons échographistes. Ceux-là ont une vraie responsabilité inhérente à l’imagerie et tout un savoir-faire.
La télé-expertise en radiologie est-elle fréquente ? Qu’est-ce qu’elle peut apporter au généraliste/patient ?
Pr C.A. Les généralistes ne pensent pas forcément à la télé-radiologie pour la radiologie. C’est un sujet intéressant, qu'il faudra aborder. La télé-expertise donne lieu à un deuxième avis d’expert. Ces organisations mettent du temps à se mettre en place mais elles fonctionnent ! Si cette activité devient importante, il faudra tout de même penser à revoir la tarification de la télé-expertise. Les avis d’experts demandent du temps, de l'expérience, l'analyse du contexte clinique, etc. Cela doit être valorisé.
Certains prédisent la fin des radiologues avec l'émergence de l'intelligence artificielle. à quoi ressemblera la radiologie de demain ?
Pr C. A. Ma vision est au contraire enthousiaste et positive sur l'IA. La radiologie est un métier très évolutif par essence, car il utilise beaucoup la technologie. Un algorithme pourrait permettre de trier les radiographies normales des radios pathologiques, mais l'humain restera toujours responsable de ce tri. Il n’y aura pas de 100 % machine comme il n’existe pas de 100 % humain. Grâce à l'IA, le radiologue va pouvoir se consacrer à sa valeur ajoutée, le clinico-radiologique et le clinico-thérapeutique. Demain, il y aura plusieurs types de radiologues. Le radiologue clinicien tout d'abord, proche de son patient, qui lui expliquera la signification des images de plus en plus précises. Les radiologues vont aussi se consacrer aux données de santé publique, aux problèmes éthiques… D’autres vont collaborer de très près avec les chirurgiens pour tous les gestes interventionnels. Ces mutations-là ont déjà commencé.
À ne pas rater !
Dimanche 13 octobre, des sessions plus spécialement dédiées aux généralistes se déclinent sur de nombreux thèmes, dont l’imagerie des dysthyroïdies, les métastases hépatiques, l’écho-doppler veineux… Notre top 3 des sessions à ne pas manquer sont :
• « Dépistage échographique de l’endométriose ». Atelier. 8 h 45 – 9 h 30.
• « Imagerie abdominale ou l’art de comprendre la langue des signes », Cours d’intérêt général. 9 h 30 – 10 h 30.
• « Dialogue médecins généralistes et radiologues », séance pédagogique. 10 h 30 – 11 h 45.
Les inscriptions sont gratuites pour les généralistes qui peuvent assister aux quatre jours du congrès. Elles peuvent s’effectuer sur place ou en contactant le CMG ou les JFR.
* Pr Catherine Adamsbaum, radiologue pédiatrique à l’hôpital Bicêtre et présidente des Journées francophones de radiologie 2019
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