Dans un livre récent sur Louis XIV, M. L. Bertrand explique par la présence d’un ténia la boulimie bien connue et les vertiges dont le grand roi était atteint : « Que me roi ait eu le ténia, cela ressort assez nettement des observations faites par ses médecins eux-mêmes. Dévoré par son ténia, il était obligé d’absorber des quantités excessives de nourriture, et cette nourriture, il ne pouvait pas la mâcher, n’ayant plus de dents… Avec le ténia et une mastication défectueuse, il avait beau engloutir, les aliments non assimilés ne lui profitaient pas ; et ainsi il avait toujours faim ».
Les constatations relatées dans le Journal de la santé du roi par les médecins Vallot, Daquin, Fagon, ne permettent pas de croire qu’il s’agissait d’un ténia.
À l’âge de 20 ans, en 1659, Louis XIV rend avec ses matières, et sans avoir pris aucune drogue, un ver d’un demi-pied, en vie. Près de trente ans se passent sans autre évacuation du même genre ; en 1690, rejet d’un second ver vivant ; l’année suivante, trois vers morts dont deux aussi longs que les premiers. Un sixième et dernier parasite est rendu mort en 1705.
Morts ou en vie, ces vers, longs d’un pied ou d’un demi-pied, sortis avec les fèces ou à la suite d’une purge banale, ne pouvaient être que des lombrics et non des fragments de ténia. La forme rubanée de ce dernier entozoaire aurait attiré l’attention des médecins. Ils n’ont certainement vu que des ascarides ordinaires, si fréquents à cette époque et si connus qu’une description spéciale était inutile.
Le ténia donne lieu à de fréquences expulsions de cucurbitains, qui sortent souvent en dehors de la défécation ; il ne cède pas à de simples purgatifs et il exige un traitement spécifique énergique. Dans le cas d’expulsion spontanée, sa longueur n’est pas d’un pied ou d’un demi-pied, mais d’un ou plusieurs mètres.
Le ver solitaire était, d’ailleurs, assez rare à cette époque, du moins en France. On ne connaissait guère que le tænia solium, provenant de la ladrerie du porc. Or, à Paris et dans toutes les villes, des experts nommés langueyeurs, étaient chargés officiellement de l’examen des porcs destinés à l’alimentation.
De nos jours, plusieurs savants médecins ont étudié l’histoire pathologique du grand roi. Aucun ne s’est arrêté à l’hypothèse du ténia. Tous ont vu dans les parasites signalés de vulgaires lombrics. En tranchant cette question dans un autre sens, M. L. Bertrand paraît avoir un peu abusé de sa qualité de profane.
(La Chronique médicale, 1924)
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