Dans Marion Delorme, que vient de reprendre la Comédie Française, Victor Hugo a commis un anachronisme médical qui n’a pas été, que nous sachions, signalé dans les comptes rendus de la pièce, mais qu’un de nos confrères, feu Amédée Latour, l’érudit et spirituel Simplice de l’ancienne Union médicale, avait relevé il y a bien des années.
Déjà les journaux littéraires lui avaient reproché d’avoir, dans la même pièce, introduit le poète Segrais qui, à l’époque où se passe l’action, n’était qu’un enfant de sept ou huit ans. Hugo a fait de même pour Jean Pecquet, l’inventeur du réservoir du chyle, qui porte et qui a immortalisé son nom. Voici comment le poète l’introduit dans son drame :
SAVERNY
D’après cela, voyez-vous, je calcule
Qu’il est faux que le sang passe par la jugule,
Et qu’on devrait punir Pecquet et les savants
Qui, pour voir leurs poumons, ouvrent les chiens vivants
(Acte III, scène 1)
Eh bien, il y a là une erreur chronologique grave.
Jean Pecquet, né à Dieppe en 1622 n’avait que 16 ans en 1638. Ce n’est pas à cet âge qu’on fait des découvertes physiologiques ; et le fait est que ce n’est que dix ans plus tard, en 1648, que Pecquet, alors étudiant en médecine à la Faculté de Montpellier, fit sa célèbre expérience, qui le conduisit à découvrir le canal thoracique et le réservoir du chyle.
Voici comment Flourens raconte la chose :
« En 1648, un jeune homme de Dieppe, qui étudiait la médecine à Montpellier, Jean Pecquet, lassé de la science froide et muette qu’on tire des organes morts du cadavre, veut une science plus vraie et la demande aux organes en vie.
« Il entreprend une série de recherches sur les animaux vivants. Il ouvre la poitrine d’un chien, il en détache le cœur et, au milieu du sang qui s’écoule, il aperçoit un liquide blanc, qu’il prend d’abord pour du pus.
« Une première étude lui montre bientôt que ce liquide, blanc laiteux, est le même que celui des vaisseaux lactés, c’est le chyle ; une seconde que ce chyle est contenu dans un canal qui le porte aux veines sous-clavières, et par ces veines au cœur ; une troisième, que ce canal commence par une sorte de réservoir, de porche ; une quatrième, que tous les vaisseaux lactés se rendent à ce réservoir commun ; et une cinquième, qu’aucun, absolument aucun, ne se rend au foie. »
Donc, en 1638, Saverny n’avait aucune raison de faire intervenir Pecquet dans sa dissertation physiologique, ce malheureux Pecquet qui s’était épris d’une véritable passion thérapeutique pour l’alcool, avec lequel il traitait toutes les maladies, et qui, pour donner l’exemple à ses clients, contracta la terrible habitude des liqueurs fortes qui abrégea ses jours.
(Chronique médicale, 1907)
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