La majeure partie des patients hospitalisés pour Covid-19 présenterait encore des symptômes six mois après le début de la maladie. C’est ce que suggère une étude publiée aujourd’hui dans le Lancet.
Alors qu’un an après l’émergence du SARS-CoV-2, les conséquences à long terme du Covid-19 apparaissent encore méconnues, des chercheurs chinois se sont proposé de décrire l’état de santé de patients plusieurs mois après leur sortie de l’hôpital.
Ces auteurs de l’étude ont recruté plus de 1 700 patients diagnostiqués positifs au Covid-19 à Wuhan entre janvier et mai 2020. Ces sujets ont été suivis pendant environ 6 mois (durée médiane de 186 jours de suivi), soit jusqu’à l’été. Tous ont bénéficié de consultations et répondu à des questionnaires permettant d’évaluer leurs symptômes et leur qualité de vie ainsi que de tests biologiques et d'une épreuve d’effort (test de marche de 6 minutes) visant à estimer leur niveau d’endurance. Environ 400 patients ont par ailleurs vu leur fonction pulmonaire explorée de façon plus approfondie, et une centaine de volontaires dont les taux d’anticorps avaient été mesurés lors de leur hospitalisation ont été à nouveau prélevés.
Résultat : plus de 1 250 participants, soit environ 75 % des patients recrutés présentaient encore au moins un symptôme six mois après avoir contracté le Covid-19.
Fatigue et faiblesse musculaire, les symptômes les plus fréquents
La majorité (plus de 60 % d'entre eux) a rapporté de la fatigue ou une faiblesse musculaire. Mais d'autres affections ont également été fréquemment rapportées à l'instar de troubles du sommeil (qui concernaient plus de 25 % des patients), et d'une symptomatologie d'ordre psychiatrique — anxieuse ou dépressive (détectée chez 367 volontaires, soit 23 % des sujets recrutés).
Plus inquiétant : le Covid-19 pourrait engendrer des conséquences rénales d’apparition tardive. « Les tests biologiques ont révélé que 13 % des patients dont la fonction rénale apparaissait normale au cours de leur hospitalisation présentaient une fonction rénale réduite lors du suivi », résume le Lancet.
En outre, les patients hospitalisés pour des formes particulièrement graves de Covid-19 présentaient une bien moins bonne fonction pulmonaire que les autres. Ces patients ont en effet parcouru une moins longue distance que les autres durant les 6 minutes du test de marche. De même, parmi les sujets ayant bénéficié de tests plus approfondis de la fonction pulmonaire, près de 60 % de ceux qui avaient été intubés présentaient des anomalies de la diffusion. Seuls 4 % des patients recrutés ayant été admis en réanimation au printemps, des études complémentaires sont toutefois requises pour confirmer ces résultats.
En attendant, ce travail « souligne un besoin de soins post-hospitalisation, en particulier pour ceux ayant souffert d’une infection sévère », a indiqué au Lancet Bin Cao, professeur de pneumologie au China-Japan Friendship Hospital qui a pris part à l’étude.
Des anticorps spécifiques à courte durée de vie ?
À l’heure du lancement des campagnes de vaccination anti-Covid-19, l’étude pose également à nouveau la question de l’immunité, en particulier de la durée de la protection conférée par les anticorps spécifiquement dirigés contre le SARS-CoV-2.
Le taux d’anticorps des 94 participants ayant réalisé une sérologie lors de leur hospitalisation s’est avéré diminué en 6 mois. Plus précisément, entre le début de la maladie et leur participation à l’étude, les volontaires ont vu leur taux d’anticorps neutralisants se réduire de moitié, rapportent les auteurs. Ces résultats doivent toutefois être eux aussi confirmés et expliqués par des études de plus grande ampleur.
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