La Société européenne de microbiologie clinique et maladies infectieuses (Escmid) a publié un papier d’opinion sur la vaccination contre le virus de l’hépatite E (VHE). Les experts effectuent une revue des données cliniques existantes et émettent des recommandations sur les stratégies d’implémentation de programmes vaccinaux.
Alors que le virus est responsable de quelque 100 millions d’infections, 70 000 décès et 3 000 mortinaissances chaque année, l’Escmid plaide en faveur d’une vaccination de routine au sein des populations à risque face au VHE. Une position qui va à l’encontre de l’Organisation mondiale de la santé qui ne recommande une vaccination qu’à l’occasion de flambées épidémiques. L’argumentaire est publié dans le journal de l’Escmid, Clinical Microbiology and Infection.
Une efficacité à long terme du vaccin chinois
L’infection aiguë au VHE pose de sévères risques d’insuffisance hépatique pour les femmes enceintes et les patients avec une maladie hépatique préexistante. Une infection chronique peut entraîner quant à elle des complications chez les personnes immunodéprimées et les patients transplantés, pouvant progresser vers une fibrose hépatique avancée ou une cirrhose.
La revue de littérature se penche sur le vaccin HEV 239, autorisé et commercialisé uniquement en Chine depuis 2012, sous le nom Hecolin, le seul disponible dans le monde. « Plusieurs études ont démontré la forte immunogénicité du vaccin HEV 239 avec d’excellents taux de séroconversion à travers différents essais cliniques », lit-on dans l’article. D’après l’un des essais, mené sur près de 100 000 participants de 16 à 65 ans, le taux de séroconversion se maintient à long terme : 100 % à 1 an, 93 % à 4,5 ans et 87 % après 10 ans.
Ne vacciner ni trop tôt ni trop tard
Au regard de ces résultats encourageants, l’Escmid se positionne en faveur de l’inclusion de la vaccination VHE dans les programmes d’immunisation en ciblant les populations à risque : femmes en âge de procréer, patients avec une maladie hépatique chronique, avant une immunosuppression pour les patients exposés aux génotypes 3 et 4 (circulant dans les pays industrialisés). La société européenne souligne l’importance du calendrier vaccinal : pas trop tard pour s’assurer que les adolescentes reçoivent une protection contre le virus avant une grossesse, mais pas trop tôt pour éviter que l’immunisation ne décroisse.
« La vaccination contre le VHE possède un réel potentiel comme outil de santé publique, mais plusieurs facteurs doivent être abordés », défendent les experts, suggérant de mener des essais cliniques pour attester de l’efficacité et de l’innocuité du vaccin auprès des populations européennes et d’évaluer le rapport coût-efficacité en fonction de la prévalence du virus dans la région. Les auteurs recommandent de renforcer la filière diagnostique en améliorant les systèmes de surveillance avec des outils robustes et invitent l’Europe à financer la recherche dans le diagnostic et le contrôle du VHE.
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