Concernant le HPV, on peut s’attendre à un effet d’immunité de groupe important en parvenant seulement à vacciner 20 % des filles. De même, l’élimination des virus HPV 16, 18, 6 et 11 est possible si la couverture vaccinale atteint 80 % (filles et garçons confondus) et si l’efficacité du vaccin se maintient au cours du temps. C'est ce que révèle une méta-analyse publiée dans The Lancet le 27 septembre. Elle comprend des modèles de prédiction de l’impact de la vaccination contre le HPV sur les populations.
Deux vaccins contre l’HPV très utilisés dans le monde
Depuis 2006, 2 vaccins contre l’HPV (un bivalent et un quadrivalent) ont été très utilisés dans le monde. Plus de 65 pays ont introduit des programmes de vaccination contre ce virus. La plupart d’entre eux ciblent uniquement les filles mais quelques pays ont mis également en place la vaccination des garçons dont les États-Unis, la Suisse, l’Autriche, l’Australie et la Canada. Plusieurs modèles mathématiques ont démontré que vacciner les filles était très rentable mais les résultats sont plus mitigés en ce qui concerne les garçons. En effet, des travaux avaient révélé que si vacciner les filles réduisait le fardeau relatif à cette maladie, vacciner les garçons apporte des bénéfices limités au niveau populationnel autant pour les hommes hétérosexuels que pour les femmes.
En revanche, on ignore quelle couverture vaccinale est nécessaire pour atteindre une immunité de groupe substantielle. C’est pourquoi des scientifiques ont regroupé 51 articles sur le sujet, publiés par 19 équipes de recherches différentes. Ils les ont ensuite contactés et sur les 19, 16 ont fourni de nouvelles prédictions à long terme. Les résultats montrent qu’avec une politique vaccinale axée sur les filles pendant 70 ans, la prévalence de l’HPV 16 chez les femmes chute de 53 % si la couverture vaccinale atteint 40 % et de 93 % avec une couverture de 80 %. Avec une couverture de 40 %, la baisse de la prévalence des HPV 6, 18 et 11 est présumé 7 à 28 % plus importante que pour l’HPV 16 et avec une couverture de 80 % ces trois virus seraient éliminés.
De plus, les modèles prédisent également une immunité de groupe conséquente pour la gent masculine suite à la vaccination des filles. Plus précisément, vacciner seulement les filles pendant 70 ans diminue la prévalence de l’HPV 16 chez les hommes de 36 % si la couverture vaccinale arrive à 40 % et de 83 % si elle parvient à 80 %. Les calculs sont encore plus encourageants pour les 3 autres types de HPV. Les chercheurs ont aussi remarqué que la réduction de la prévalence de l’HPV dans le temps était plus rapide chez la population féminine.
Des conclusions essentielles
Les conclusions majeures des spécialistes restent qu’un effet d’immunité de groupe avantageux est prévisible avec une couverture vaccinale de seulement 20 % chez les filles. Cet effet sera d’autant plus marquant face aux HPV 6, 18 et 11 par rapport au HPV 16. En comparaison, inclure les garçons dans les programmes de vaccination apporterait des bénéfices mineurs. Les vacciner en plus des filles permettrait néanmoins d’éradiquer les HPV 16,18,6 et 11 si la couverture vaccinale atteint 80 % chez les deux sexes et si l’efficacité du vaccin (estimée entre 93 % et 100 %) reste stable sur le long terme.
Les auteurs modèrent tout de même leur propos en ce qui concerne l’HPV 16 et ajoutent qu’une couverture vaccinale plus élevée s’avérera peut-être nécessaire pour éliminer ce type d’HPV. D’autre part, aucun modèle examiné n’incluant des hommes ayant des relations avec des hommes. Même si prendre en compte la transmission d’un homme à un autre n’aurait probablement pas eu d’impact sur les calculs concernant l’immunité de groupe engendré par la vaccination des filles, cela aurait pu en avoir sur la potentielle élimination du virus.
Mais « rien de bien nouveau »
Ces données peuvent avoir d’importantes répercussions politiques, d’après les auteurs, car elles montrent qu’il est plus intéressant d’améliorer la couverture vaccinale pour les filles que d’inclure les garçons dans les programmes. « C'est de la modélisation, pas de la vie réelle, mais cela aide quand même au moment de prendre les décisions », précise le Pr Daniel Floret, ex-président du comité technique des vaccinations et membre du HCSP. Cette étude comparative serait la première où une méthode d’examen systémique a été utilisée afin d’identifier tous les modèles mathématiques admissibles. Toutefois, selon l'infectiologue lyonnais, il n’y a « rien de bien nouveau (…) nous avions également fait une revue des études de modélisation (sans méta analyse) lors de notre avis sur la vaccination des garçons ».
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