Voilà qui devrait rassurer les femmes et leurs médecins. Le traitement hormonal substitutif de la ménopause (THM) n’est pas associé à un surrisque de démence. C’est ce qu’avancent des chercheurs britanniques, qui viennent de publier dans le British Medical Journal (BMJ) une vaste étude observationnelle.
THM et surrisque de démence : des données contradictoires
Si le THM est surtout pointé sur ses effets cardiovasculaires et sur le sein (surrisque de cancer du sein), des études l’ont aussi associé à un potentiel surrisque de démence. En particulier, « le plus vaste essai contrôlé et randomisé de thérapie hormonale, le Women’s Health Initiative Memory Study (WHIMS), qui évalue contre placebo les effets d’œstrogène équin conjugué avec ou sans médroxyprogestérone comme THM, a montré un risque accru de démence dans les deux bras traités », rapportent les auteurs du présent travail. De même, une étude observationnelle finlandaise a suggéré qu’un tel surrisque pouvait être associé au THM.
Cependant, la méthode de cette dernière étude présente des limites, et d’autres investigations se sont soldées par des conclusions très différentes. Par exemple, un essai clinique ainsi qu’une autre étude observationnelle finlandaise n’ont pas trouvé d’atteinte cognitive particulière. « De petites études fondées sur diverses mesures cognitives et radiologiques ont [même] montré les bénéfices de la thérapie hormonale », rappellent les auteurs.
Face à ces résultats contradictoires et compte tenu du climat actuel de méfiance à l’égard de ces traitements, les chercheurs ont tenté de clarifier les choses en « fournissant des informations détaillées, précises, […] solides concernant l’utilisation d’hormones thérapeutiques et le risque de démence ».
Pas de surrisque global
Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé deux bases de données anglaises de soins primaires. Des informations détaillées (détails des prescriptions de THM et d’autres médicaments éventuels, antécédents personnels et familiaux, tabagisme et consommation d’alcool, etc.) portant sur près de 120 000 femmes de plus de 55 ans présentant une démence diagnostiquée entre 1998 et 2020 et sur environ 500 000 femmes du même âge non démentes (groupe contrôle) ont été recueillies et analysées.
Résultat : globalement, « aucune association entre l’utilisation d’un THM et un risque de développer une démence » n’a été trouvée, rassurent les auteurs. Et ce, quel que soit l’âge au début du traitement.
Un très léger effet protecteur du THM semble même se dégager dans un sous-groupe de patientes. « Nous avons trouvé une diminution du risque de démence [chez les femmes] de moins de 80 ans […] qui suivaient un traitement à base d’œstrogènes seuls depuis au moins 10 ans », avancent les chercheurs.
Très léger surrisque en cas de traitement oestro-progestatif à long cours
A contrario, un très léger surrisque de développer spécifiquement une maladie d’Alzheimer a été retrouvé et associé en particulier aux traitements oestro-progestatifs. Ce surrisque augmentait avec les années d’exposition pour atteindre 11 % entre 5 et 9 ans d’utilisation, voire 19 % à partir de 10 ans d’exposition.
Toutefois, les chercheurs nuancent ce résultat. Car selon leur calcul, les surrisques trouvés équivaudraient à une augmentation du taux d’incidence des démences de 5 cas pour 10 000 (pour une exposition de 5 à 9 ans à un THM oestro-progestatif), et au maximum de 7 cas pour 10 000 (pour une exposition de plus de 10 ans à ce genre de traitements).
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