On sait que la perte d’audition est associée à un risque accru de troubles cognitifs, contribuant, selon certains travaux, à près de 8 % des nouveaux cas de démences diagnostiqués chaque année dans le monde. Pour autant, l’appareillage des patients âgés présentant un déficit auditif peut-il prévenir les troubles cognitifs ?
Jusqu’à présent seules quelques études observationnelles s’étaient penchées sur la question avec des résultats plutôt encourageants. Une étude randomisée publiée dans le Lancet enfonce le clou en montrant que la prise en charge de la déficience auditive permet de limiter le déclin cognitif, du moins chez les sujets à risque.
Baptisé Achieve, cet essai a inclus 977 adultes âgés de 70 à 84 ans souffrant d'une perte auditive non traitée et exempts de troubles cognitifs importants. Ces patients ont été recrutés au sein de deux populations distinctes. L’une était composée de personnes âgées participant de longue date à une étude observationnelle sur la santé cardiovasculaire (étude ARIC). L’autre était constituée de nouveaux volontaires, issus des mêmes communautés mais globalement en meilleure santé avec moins de facteurs de risque de déclin cognitif (niveau d'éducation et de revenu plus élevé, taux moindre de diabète et d'HTA, vie plus entourée, etc.) et des scores cognitifs de base supérieurs. Tous ont été randomisés pour bénéficier soit d’une intervention auditive (conseils audiologiques et prothèses auditives), soit de séances d’éducation générales sur le vieillissement en bonne santé (groupe témoin).
Le critère principal de jugement était l’évolution à trois ans d’un score global de cognition évalué à partir d'une série complète de tests de la fonction exécutive, du langage et de la mémoire.
Une réduction de 48 % du déclin cognitif
Toutes populations confondues, aucune différence significative n’a été mise en évidence entre le groupe appareillage et le groupe éducation. En revanche, pour les participants issus de la cohorte ARIC, le changement cognitif sur 3 ans était moindre dans le groupe intervention auditive avec une diminution du risque de déclin de 48 %.
Aucun événement indésirable significatif n'a été signalé dans les deux groupes.
Pour le Pr Frank Li (Johns Hopkins University School of Medicine, États-Unis), premier auteur de l’étude, ces résultats « fournissent des preuves irréfutables qu'un traitement de la déficience auditive liée à l'âge peut être un outil puissant pour protéger la fonction cognitive ultérieure, voire, à long terme, retarder l’apparition de la démence », même si « les bénéfices sont susceptibles de varier en fonction du risque de déclin cognitif initial ».
Ainsi, sur la base de l'étude Achieve, « la déficience auditive pourrait être une cible de santé publique particulièrement importante en termes de prévention de la démence alors que la perte auditive est très répandue chez les personnes âgées et bénéficie d’un traitement bien établi (aides auditives et services de soutien connexes) », concluent les auteurs.
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