Alors que la fête de la musique se prépare, 25 % des Français de plus de 18 ans présenteraient une déficience auditive. Telle est la conclusion étude de cohorte française publiée le 17 juin dans le JAMA Open Network.
185 000 adultes inclus dans l'étude
« Environ 1,5 milliard de personnes dans le monde sont concernées par une déficience auditive et les projections de l’OMS suggèrent que, d’ici 2050, elles seront 2,5 milliards », rappelle l’Inserm par communiqué. Cependant, la prévalence exacte des troubles auditifs et du recours à des prothèses auditives dans la population reste méconnue, y compris en France. « (Ces données) sont en effet le plus souvent dérivées d’études portant sur des petits échantillons de participants peu représentatifs, dont il est compliqué de tirer des généralités, et sur des données de surdité auto-rapportées et non mesurées », déplore l’institut de recherche.
Dans ce contexte, les chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Paris Cité mais aussi de l’AP-HP et de l’hôpital Foch ont voulu décrire plus précisément l’épidémiologie de la déficience auditive en France. Pour ce faire, ils se sont penchés sur les données de plus de 185 000 participants de la vaste cohorte française Constances – représentative de la population générale adulte. Ces volontaires, âgés de 18 à 75 ans lors de leur inclusion, ont fourni des informations concernant leurs caractéristiques démographiques et socio-économiques, leurs antécédents médicaux personnels et familiaux, leur mode de vie, etc. et ont surtout passé, entre 2012 et 2019, un examen médical « incluant un test d’audition », détaille l’Inserm.
Plus de 20 % des aldutes présentent une perte auditive
Résultat : « la déficience auditive est prévalente parmi les adultes français », affirment les auteurs dans leur étude. « 25 % des individus de l’échantillon étudié présentaient une déficience auditive », résume en effet l’Inserm. Autrement dit, ¼ des adultes Français souffriraient d’une perte auditive de plus de 20 décibels (dB) atteignant leur meilleure oreille. Et 4 % des volontaires de la cohorte présentaient même une déficience auditive invalidante, soit une perte auditive supérieure à 35 décibels (dB) touchant leur meilleure oreille.
Et au sein de la cohorte Constances, ces troubles de l’audition touchaient en particulier certains publics. Si les sujets les plus âgés apparaissaient évidemment particulièrement touchés (plus de 60 à 70 % des 71 à 75 ans présentent une perte auditive, et plus de 23 % une perte auditive incapacitante) de même que les individus ayant été exposés à des nuisances sonores dans un cadre professionnel, les hommes l’étaient également globalement plus que les femmes. De même, les sujets présentant un indice de masse corporelle (IMC) élevé, un diabète, des troubles cardiovasculaires ou encore des antécédents de dépression semblaient plus à risque de développer une déficience auditive.
Au contraire, des chercheurs ont dégagé quelques facteurs protecteurs, essentiellement socio-économiques : revenus ou niveau d’éducation plus élevé, vivre seul, vivre en zone urbaine, etc.
Moins de 65 % des adultes touchés par une déficience invalidante appareillés
Quoi qu’il en soit, alors que la prévalence de la déficience auditive apparaît élevée, les appareils d’aide auditive semblent eux sous-utilisés. Et ce, alors même qu’ils sont associés à « une meilleure qualité de vie ou une réduction du déclin cognitif », soulignent les auteurs. « Seuls 37 % des patients touchés par une déficience auditive invalidante portaient un tel appareillage », rapporte l’Inserm.
Et le recours aux prothèses auditives apparaît particulièrement faible dans les publics les plus touchés. « Le recours aux appareils auditifs était particulièrement faible chez les personnes âgées (…), les hommes (…) et les personnes ayant un IMC élevé », déplore l’Inserm.
Au total, pour les auteurs, « ces résultats suggèrent qu’une prévention et un dépistage de la déficience auditive sont requis en France » en particulier dans les populations les plus à risque. De plus, selon l’institut de recherche, « alors que la France a récemment adopté une mesure permettant le remboursement des appareils auditifs par la Sécurité sociale (…), il serait intéressant que les recherches à venir évaluent l’efficacité d’un tel dispositif pour encourager le recours aux appareils auditifs ».
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