Par quels mécanismes s’exercent les effets délétères des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sur la santé de la mère et de l’enfant ? C’est une question à laquelle a voulu répondre une étude Inserm/Université Grenoble Alpes/CEA /CHU Grenoble en analysant le placenta de 367 femmes enceintes. Les chercheurs mettent en évidence que des taux élevés de PFAS sont associés à des anomalies structurelles tissulaires mais aussi à un plus petit poids de cet organe. Ces résultats, publiés dans Environment International, suggèrent que le rôle néfaste de ces polluants éternels s’exercerait, au moins en partie, via une altération de la santé placentaire.
Ces travaux corroborent les données d’études antérieures rapportant des associations entre PFAS et conséquences sur la grossesse et le développement du fœtus, en particulier à type de troubles hypertensifs gravidiques et bébés hypotrophes. Si des études chez l’animal avaient mis en évidence un lien entre exposition aux PFAS et des anomalies structurelles et fonctionnelles placentaires, il n’y a encore que peu d’études chez l’homme. « Notre étude (sur l’exposition aux PFAS) est la première à disposer de marqueurs histologiques spécifiques, qui rendent compte de la structure du placenta », explique dans un communiqué Claire Philippat, chercheuse à l’Inserm et co-dernière autrice de l’étude.
Treize PFAS à la loupe
Les participantes ont été recrutées dans la région grenobloise entre 2014 et 2017. Sur les treize PFAS étudiés, trois semblent affecter l’intégrité des villosités placentaires, ces structures qui assurent les échanges entre le sang maternel et le réseau vasculaire fœtal. Or « les dérégulations dans les échanges fœto-maternels seraient associées aux retards de croissance intra-utérins et au développement de la prééclampsie », rappelle Nadia Alfaidy, directrice de recherche à l’Inserm et co-dernière autrice de l’étude.
De plus, le poids du placenta semble diminué chez les femmes présentant les concentrations les plus élevées de sept PFAS.
L’équipe souhaite poursuivre ses analyses dans une étude à plus grande échelle. « Nous espérons qu’une étude nationale verra le jour sous peu afin de mieux comprendre les conséquences de l’exposition aux PFAS sur la santé de la mère et de l’enfant », rapporte Claire Philippat.
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