Engagez-vous ! À l’occasion du congrès du CNGE qui s’est déroulé la semaine dernière à Bordeaux, le Dr Nathalie Richard, directrice du projet Cannabis médical à l’ANSM, a invité les médecins généralistes à s’investir dans l’expérimentation en cours.
Lancée fin mars, pour une durée de 2 ans, cette expérimentation vise à évaluer la pertinence et la faisabilité de l’usage médical du cannabis en France. L’enjeu à terme, sera de savoir si cette approche peut ou non être généralisée.
Cinq indications thérapeutiques présentant un rapport bénéfice risque jugé « suffisant » ont été retenues. À savoir : les douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies accessibles (médicamenteuses ou non) ; certaines formes d’épilepsie sévères et pharmaco-résistantes ; certains symptômes rebelles en oncologie liés au cancer ou à ses traitements ; certaines situations palliatives ; et les spasticités douloureuses de la sclérose en plaques ou d’autres pathologies du système nerveux central.
Seulement 365 patients inclus pour le moment
Au total, l’expérimentation devrait porter sur 3 000 patients. Cependant au 18 juin, soit deux mois et demi après le top départ du projet, seuls 365 patients avaient pu être inclus. Et sur 226 structures de référence engagées dans le projet, à peine un peu plus d’un quart (26 %) avaient transformé l’essai et recruté au moins un patient. « On s’attendait à ce qu’il y en ait davantage », reconnaît le Dr Richard mais le covid et la vaccination ont probablement ralenti le mouvement.
Dans ce contexte, l’ANSM souhaite « impliquer davantage les généralistes dans l’expérimentation », explique Nathalie Richard. Si l’inclusion et la primoprescription relèvent forcément d’une structure de référence, les médecins de ville peuvent aussi avoir « un rôle majeur », insiste la directrice du projet. Que ce soit dans le recrutement des patients (en orientant certains de leurs malades potentiellement éligibles vers des structures de références), mais aussi dans leur suivi. Sous réserve d’avoir validé une formation en ligne spécifique, les médecins traitants ayant des patients inclus pourront en effet prendre rapidement le relais de l’hôpital pour effectuer la titration du produit puis assurer les consultations de suivi classiques et le renouvellement des ordonnances.
« Je pense qu’on a tous en tête un ou deux patients en échec thérapeutique qui pourraient rentrer dans ce circuit », appuie le Pr Catherine Laporte, coordinatrice du groupe « Réduction des Risques et des Dommages, et Addictions en soins primaires », au sein du Collège de la médecine générale. Pour la généraliste de Clermont Ferrand, si se former peut certes être chronophage, le jeu en vaut la chandelle, ce d’autant que l’usage du cannabis médical pourrait être appelé à se généraliser à l’issue de l’expérimentation. « N’attendez pas qu’on vienne vous chercher », conclut-elle alors qu’à ce jour seul onze départements comptent au moins un généraliste formé.
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