Lundi dernier, sur France Info, Daniel Cohn-Bendit, allié à la République en marche, mais peu désireux, à cause de son âge, d'y exercer des responsabilités, répondait à une question sur populistes et progressistes. Il a déclaré : « C'est comme ça ! ». Ce qu'il voulait dire, c'est que, loin de conduire sa campagne d'une manière réductrice, loin de vouloir en faire un référendum sur sa personne, loin de ramener un enjeu européen à une question de politique intérieure, le chef de l'État ne peut pas, tout simplement, ne pas reconnaître que, pour la majorité d'aujourd'hui, la première crainte est l'hypothèse d'une victoire du Rassemblement national aux européennes. Certes, les autres partis politiques (on compte 34 listes) ne l'entendent pas de cette oreille. Mais seulement deux partis, la REM et le RN, font la course en tête.
La situation serait identique si les Républicains réunissaient plus de 20 % de l'électorat (les sondages leur en accordent 14 %). Elle serait identique si les socialistes ou les écologistes avaient des cotes stratosphériques. Le match se jouerait entre le premier et le second, entre le risque d'une victoire de Marine Le Pen qui lui ouvrirait la voie des municipales en 2020 et des élections générales en 2022. La République en marche n'a pas conçu son rôle aux européennes comme celui du parti salvateur du pays. Ce rôle lui est imposé par la crise sérieuse qui secoue le pays et fait de tous les partis dits populistes une menace pour le régime actuel.
Encore heureux que la REM, vilipendée, harcelée jour et nuit, soumise à un tir de barrage de tous les autres partis, jugée et condamnée en permanence, discréditée par les réseaux sociaux, décrédibilisée par tous les moyens qu'offre le vocabulaire, se présente aujourd'hui comme le parti démocratique le plus fort de France. En soi, cette position représente déjà une victoire pour les macronistes dont on cherchera en vain l'affaiblissement ou la lassitude. Non, ils ne sont pas du tout certains de l'emporter. Mais, paradoxalement, ils pensent que ce président récusé par tous, traîné dans la boue, accusé de tous les travers, constitue un atout essentiel pour la campagne de la majorité. Macron doit s'engager et il a promis de le faire. Il n'est pas impossible qu'il fasse bouger les lignes en sa faveur à quelques jours du scrutin, car tout le monde sait que les sondages d'un jour ne disent rien de ce qui va se passer dans dix jours.
Il n'est pas interdit de dire la vérité
Compte tenu de la possibilité d'une défaite de la majorité, fallait-il que le président de la République reconnût publiquement la réalité du match entre son parti et l'extrême droite ? Mais, d'une part, il n'est jamais interdit de dire la vérité et on lui adresse suffisamment de reproches pour accepter de le louer quand il la dit. Et, d'autre part, il n'est pas plus obligé de faire d'une éventuelle victoire du RN un malheur définitif aux conséquences irréversibles. Sous le nom de Front national, l'extrême droite a gagné les européennes de 2014. Ce qui n'a pas empêché Macron de la mettre en déroute le soir du second tour de la présidentielle de 2017.
En fait, les partis qui se targuent de ne jamais faire la moindre concession à la majorité, savent eux aussi que, en arrivant premier le 26 mai, le RN affaiblirait le reste de la classe politique. Ils y voient une chance accordée à leurs propres ambitions. Mais ils ont tort : ils forment une trainée poudreuse de petit partis qui évoluent entre 1 et 14 %. S'ils avaient un peu de distance par rapport aux événements, s'ils voyaient l'enjeu à long terme et le risque qu'ils prennent en faisant de la REM et non du RN leur principal adversaire, certains de ces partis, comme LR, l'UDI et même EELV ne se seraient pas déconsidérés en rejoignant la République en marche. D'abord parce que la REM, aujourd'hui, présente un programme dynamique en faveur de l'environnement ; ensuite parce que le RN n'est pas une blague ; c'est un changement de régime qu'il prépare et c'est pourquoi toutes les forces démocratiques doivent lui faire barrage.
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