Ce qui est arrivé en France n'est pas différent de ce qui est arrivé aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Italie, et c'est même moins grave. M. Macron tente désespérément de se servir d'un abondante communication pour répandre une parole raisonnable qui inclut tous les paramètres. Cependant, il n'ignore rien des intentions de ceux qui sont voués à sa perte, autant par haine personnelle que par conviction : c'est à la Ve République qu'ils veulent mettre un terme, c'est l'Assemblée nationale qu'ils veulent dissoudre, c'est une transformation profonde des institutions qu'ils réclament. M. Macron leur donnera des gages, comme la suppression de l'ENA, qui m'apparaît comme une hérésie, car j'y vois une mesure rétrograde dictée par la mauvaise réputation que ce pays agité donne à l'intelligence et à la compétence. Mais le chef de l'État ne peut quand même pas mettre sa tête sur le billot, pour satisfaire des revendications qui n'ont ni queue ni tête et dont l'application consisterait à instaurer la dictature du prolétariat.
Dans ces conditions, on peut craindre que durent indéfiniment les manifestations et les occupations de ronds-points, avec ce que cela implique de désordre, de casse, de fatigue des forces de sécurité. À l'insurrection des gilets jaunes s'ajoute le tir d'artillerie des partis politiques, qui exigent le retour à l'ordre, sans dire vraiment, et pour cause, comment ils agiraient à la place du président. Un premier tournant sera la consultation européenne. Si la République en marche l'emporte, cela aura pour effet d'affaiblir les oppositions opportunistes : il leur sera difficile de ne pas prendre en compte une victoire électorale qui démontrerait, à coup sûr, que le vote a une signification profonde à laquelle les Français sont très attachés, même si le taux d'abstentions, aux européennes, est toujours élevé. Mais bien sûr, la REM pourrait être devancée par le Rassemblement national, auquel cas c'est l'opposition, sous toutes ses formes, qui reprendrait du poil de la bête et contribuerait activement au délitement des institutions.
Proportionnelle : un cauchemar
C'est donc sur les européennes que la REM doit se concentrer parce que, si elle l'emporte, elle inondera l'incendie qui brûle la République. Il me semble néanmoins que M. Macron est disposé à accepter les contraintes nouvelles qui lui sont imposées. Même si un bon tiers de l'opinion le soutient, il a compris qu'il est obligé d'accorder des concessions au mouvement généralisé de contestation. La suppression de l'ENA, s'il l'annonce, est emblématique de ce qu'il ne faut pas faire mais que M. Macron fera dans l'espoir de calmer le jeu. La fameuse « dose » de proportionnelle dans le système électoral est une machine infernale qui empêchera une majorité forte d'émerger. Une réforme fiscale dite juste se traduira nécessairement par une hausse des impôts des classes moyenne et supérieure, alors que, de toutes parts, on clame que le niveau des prélèvements obligatoires est excessif, insupportable et incomparable avec celui de nos voisins.
D'une certaine manière, la minorité presque dérisoire des gilets jaunes, aidés par le fracas tonitruant des partis d'opposition, par la coupable compassion de l'opinion et par la violence des black blocs, est venue à bout du plan de réformes le plus abouti qui ait été mis en œuvre depuis 1945. Le président de la République ne peut plus respecter le rythme effréné de la réforme en s'appuyant sur une majorité absolue et sur ses engagements de campagne. Sa propre philosophie est modifiée par la crise et, en homme intelligent, il en a non seulement compris la leçon, mais il essaie de prendre la tête du mouvement, ce qui est conforme à sa résilience et à son audace personnelles. Il n'est plus exactement le Macron auquel nombre d'entre nous ont cru parce qu'il représentait une alternative séduisante. Il va appliquer en partie le programme que lui dictent les circonstances.
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