On laisse courir de fréquentes rumeurs sur le retour de l'impôt sur la fortune, sur le maintien de la taxe d'habitation pour les 20 % les plus riches (ce qui représenterait une atteinte à l'égalité entre citoyens prévue par la Constitution), sur la hausse des impôts relatifs à la succession, toutes choses qui forment l'essentiel des revendications des gilets jaunes, si l'on excepte la volonté de destituer le chef de l'Etat. Pour Emmanuel Macron, qui n'a pris aucun engagement dans le sens souhaité par les révoltés du samedi, ce serait une forme de conversion : le réformiste se transformerait en socialiste centriste.
Le courage politique, en effet, ne consiste pas à taxer plus pour dépenser plus, à aller chercher de l'argent dans la poche des contribuables aisés ou riches et à le distribuer à ceux qui se plaignent de ne pouvoir joindre les deux bouts. La réforme est dictée par les impératifs créés par la mondialisation : compétitivité industrielle, liberté des échanges, liberté de circulation des capitaux, liberté d'investir. L'ISF était un particularisme français, de ceux qui nous privaient d'un atout pour attirer les fonds étrangers et décourageaient les entrepreneurs. Ce n'est pas en distribuant de l'argent aux plus pauvres qu'on redressera l'économie française, c'est en créant des emplois dans une société qui reste, jusqu'à preuve du contraire, une économie de marché. Je ne cherche pas à caricaturer ici les velléités des experts pour satisfaire les gilets jaunes. Je dis que, l'Europe n'a pas le choix : il faut être dans la compétition ou périr.
On ne peut défier les autres économies que si on a atteint l'équilibre budgétaire et réduit la dette. Tous les efforts fournis par M. Macron jusqu'à présent vont dans le sens de la guérison de nos scléroses, d'un marché de l'emploi plus souple, de la liberté d'entreprendre, d'un coût du travail moins élevé. Tendre aux revendications des gilets jaunes une oreille complaisante, c'est annihiler la dernière chance qu'il nous reste de redresser la société française, dont la révolte n'est fondée sur aucune analyse rationnelle, mais seulement sur des informations partielles ou fausses et par la rage que les manières péremptoires de M. Macron inspirent aux manifestants associés aux casseurs professionnels.
Un manque de patience coupable
Bien entendu, il y a une limite aux risques qu'un pouvoir en place peut prendre au nom du réformisme. Celui du président est tellement secoué depuis plusieurs semaines qu'on ne lui en voudra pas de prendre du recul. Il disait lui-même, naguère : les Français n'aiment pas les réformes. Comme il avait raison ! L'objectif du mouvement des gilets jaunes n'est rien d'autre que l'annihilation du programme de M. Macron, au son des applaudissements de presque toute la classe politique, LR, LFI, RN et PS confondus, ouvertement alliés dans la campagne de dénonciation la plus violente à laquelle on ait eu l'occasion d'assister depuis longtemps. Ce qu'il n'ont pas eu par les urnes, ils veulent l'acquérir à la faveur d'une révolution nourrie par la perversité, la haine et la jalousie que charrient les réseaux sociaux ; ces réformes qu'ils n'ont pas eu le courage ou l'occasion d'entreprendre, ils veulent prouver qu'elles sont irréalisables pour mieux nous préparer aux démarches catastrophiques, anachroniques et suicidaires qu'ils vont engager s'ils en viennent à s'emparer du pouvoir autrement que par le suffrage universel.
Le fait que ce gouvernement soit dans les faits mis en minorité décrit une crise plus grave qu'une défaite politique, il annonce la fin d'une occasion unique de donner davantage à ceux qui portent leur pauvreté en sautoir. Leur triomphe sera aussi leur défaite sociale. La réforme était la chance des plus pauvres et des chômeurs, le moyen de lutter contre les effets pervers de la mondialisation. Mais il fallait du temps et de la patience. Que les Français n'ont pas.
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