Selon les données épidémiologiques relatives à la semaine du 14 au 20 mars (semaine 11), la circulation du SARS-CoV-2 s’est accélérée sur l’ensemble du territoire national par rapport aux semaines précédentes. Mais pour le moment, cela ne s’accompagne pas d’une augmentation des nouvelles hospitalisations et les admissions en soins critiques ainsi que le nombre de décès continuent de diminuer. Par conséquent, bien que très vigilante, Laetitia Huiart, directrice scientifique de Santé publique France reste confiante : « Nous ne disposons pas d’éléments, au-delà des taux d’incidence élevés, qui soient très préoccupants vis-à-vis de la situation hospitalière actuelle. La gestion du risque repose aujourd’hui sur la responsabilisation de chacun, avec les mesures barrières notamment. »
90 000 nouveaux cas quotidiens
Santé publique France confirme la poursuite de la hausse des trois indicateurs hebdomadaires de l’épidémie : un taux d’incidence qui grimpe de 36 %, passant de 688 la semaine précédente à 937/100 000 habitants, un taux de positivité qui gagne 3,7 points et un taux de dépistage en hausse de 18 %. Durant cette dernière semaine, il y a eu près de 90 000 cas quotidiens. À noter, l’augmentation du taux d’incidence touche toutes les classes d’âge mais est plus marquée chez les 50-89 ans.
En France métropolitaine, le taux d’incidence a augmenté dans toutes les régions, allant de + 25 % en Nouvelle-Aquitaine à + 90 % en Corse. En Outre-mer, le taux d’incidence restait le plus élevé en Martinique (1 670) malgré une forte baisse (- 48 %). La Réunion (1 106, + 6 %) et la Guadeloupe (961, -10 %) présentaient également un taux élevé.
Quant aux nouvelles hospitalisations, celles-ci sont parfaitement stables (de l’ordre de 6 200), avec en outre une réduction de 13 % des admissions en services de soins critiques. La courbe des décès continue de chuter, avec - 22 % de décès lors de la semaine 11 par rapport à la semaine précédente.
Actuellement, si l’incidence augmente, « il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter en termes de formes sévères », juge Daniel Levy Bruhl, responsable de l’unité des infections respiratoires de Santé publique France.
En ce qui concerne une possible décrue de l’épidémie en avril, propos tenus il y a quelques jours par Olivier Véran, l’épidémiologiste est par contre plus prudent, arguant que « les modèles ne permettent pas de répondre à cette question, dont la réponse dépend en partie du respect des gestes barrières et des facteurs météorologiques. Il y a trop d’incertitudes pour s’engager ».
Le sous-lignage BA.2 majoritaire
Concernant les variants, la dominance d’Omicron en France et la quasi-disparition de Delta sont confirmées. Correspondant désormais à 73 % des séquences Omicron, le sous-lignage BA.2 est prédominant sur l’ensemble du territoire métropolitain. Pour sa part, la circulation du variant XD (recombinant Delta/Omicron) demeure à des niveaux faibles, et ce depuis plusieurs semaines.
4e dose : « Ne pas brûler toutes nos cartouches »
Dans ce contexte de reprise épidémique, faut-il envisager une 4e dose vaccinale pour l’ensemble de la population ? Pour Daniel Levy Bruhl, « cette question d’un second rappel se pose mais aujourd’hui le consensus est une indication circonscrite aux populations les plus à risque où les données de tolérance et d’efficacité sont bonnes, avec une réduction d’un facteur 2 du nombre de cas et d’un facteur 4 du nombre de formes graves de l’infection ». Peu de pays se sont engagés dans un élargissement de la 4e dose à l’ensemble de la population. « Même s'il y a une diminution de l’efficacité de la 3e dose avec le temps, on sait aujourd’hui que le schéma complet à trois doses est suffisant pour instaurer une protection élevée contre les formes les plus sévères, poursuit-il. Mieux vaut donc réserver cette 4e dose généralisée pour le moment où les chiffres épidémiologiques le justifieront et ne pas brûler toutes nos cartouches. Car on ne connaît ni l’efficacité ni la tolérance vaccinale en cas de répétition des doses (on observe par exemple une dégradation du profil de tolérance avec les doses réitérées de vaccin anticoquelucheux acellulaire). Par ailleurs, de nouveaux vaccins sont en développement et l’on peut imaginer qu’ils changeront la donne à propos de la stratégie de rappel ».
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