Auditionné mercredi par la commission d’enquête sénatoriale sur le Covid-19, le président du conseil scientifique, le Pr Jean-François Delfraissy, est revenu sur la gestion de la crise sanitaire passée et présente. « Le système de santé publique français n’était pas prêt à répondre à un tsunami », comme celui qu’il a connu au printemps dernier, a-t-il reconnu. Malgré tout, au final, « la France va s’en sortir pas si mal probablement », estime l'immunologue, qui a rendu hommage aux soignants : « Nous avons un système de soins hospitalier assez extraordinaire quand il répond à l’urgence ». Mais le président du conseil scientifique alerte sur l’essoufflement des professionnels de santé et leur capacité à répondre à une deuxième vague. « Ils l’ont fait une fois, je ne suis pas sûr qu’ils puissent le faire une deuxième fois. Il y a une fatigue générale, une lassitude, les services de réanimation ont du mal à recruter… ».
Des regrets sur les Ehpad
Sur le bilan de la gestion de la première phase épidémique, le Pr Delfraissy admet également « un regret » : « ce qui s’est passé dans les Ehpad ». Malgré « des consignes d’emblée », le médecin considère que la crise a notamment permis de se rendre compte que « les Ehpad étaient moins médicalisés qu’on ne le pensait ». Il souhaite que « s’il y avait une reprise du virus dans les semaines ou les mois qui viennent, on ne recommence pas ce qui s’est passé ».
Après la polémique de la semaine dernière suite à ses propos où il estimait que le gouvernement aurait « des décisions difficiles à prendre », le Pr Delfraissy est également longuement revenu sur le rôle du conseil scientifique et ses relations avec le pouvoir politique. « Nous sommes là pour éclairer sur des questions difficiles mais c’est bien le politique qui décidé », a-t-il rappelé. Il a aussi balayé l’idée selon laquelle le conseil scientifique pourrait se voir en 3e pouvoir médical : « c’est du bullshit, oublions ça ». Alors que l’instance devait normalement être dissoute le 9 juillet, c’est à la demande des parlementaires qu’elle a été renouvelée jusqu’au 30 octobre. Mais Jean-François Delfraissy a martelé plusieurs fois que le conseil scientifique était « prêt à passer la main aux agences sanitaires (…) parfaitement capables de prendre le relais ».
Deux types de vaccins
Peut-être un appel du pied de la part du Pr Delfraissy, alors que le gouvernement semble de moins en moins enclin à suivre les avis du conseil scientifique. Il a d’ailleurs reconnu qu’il n’était « pas toujours facile de faire passer les signaux auprès des autorités car les enjeux ne sont pas que sanitaires, ils sont aussi sociétaux et politiques ». Un des exemples récents est peut-être celui du décret du 29 août qui réduit la liste des populations vulnérables éligibles au chômage partiel. « Il y a quelque chose qui est un peu incohérent et nous l'avons signalé aux autorités de santé (…) ce décret tombait très mal compte tenu d'une certaine forme de reprise de l'épidémie. »
Au-delà du retour sur la gestion passée de la crise, il a aussi été question des décisions actuelles. Le Pr Delfraissy a indiqué que les tests par prélèvements salivaires allaient pouvoir être mis en place « très probablement tout à fait fin septembre ou début octobre ». Quant aux vaccins, il a expliqué que contrairement aux politiques vaccinales habituelles, la stratégie ici allait reposer sur deux vaccins de types différents, « un pour diminuer la gravité des formes sévères chez les patients les plus à risque », et un second « plus classique, préventif, pour éviter la transmission ».
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