Après la présentation lundi des recommandations actualisées de la HAS sur la priorisation des populations à vacciner contre le Covid-19, les généralistes attendent de savoirs quelle place ils tiendront dans la campagne de vaccination qui devrait débuter en janvier 2021.
Le gouvernement devrait préciser sa stratégie vaccinale jeudi. Lors de son allocution, le 24 novembre dernier, le chef de l'État avait affiché son intention d'associer « les hôpitaux, les maisons de retraite et l’ensemble des médecins de ville » pour définir les modalités pratiques du déploiement des vaccins. Sauf surprise, le gouvernement ne devrait pas réitérer les erreurs commises en 2009 lorsqu'il avait écarté les généralistes de la vaccination contre le H1N1, privilégiant les "vaccinodromes".
Dans des recommandations intermédiaires sur la mise en œuvre de la vaccination, rendues publiques le 9 novembre, la Haute autorité affirmait sans ambiguïté que la campagne de vaccination devrait « s’appuyer, en premier lieu, sur les professionnels de santé ayant l’habitude de pratiquer la vaccination » : « Les médecins traitants, et plus généralement les médecins, joueront un rôle central dans l'orientation, l’information, la vaccination et le suivi des personnes [...] Leur mobilisation et leur implication seront cruciales pour permettre la réussite de la campagne de vaccination contre le Covid-19 », précisait la Haute autorité.
« Impossible de faire sans nous », selon MG France
Au sein de la profession, les syndicats revendiquent un rôle de premier plan pour les généralistes dans la future campagne, à l'instar du Dr Jacques Battistoni, président de MG France. « Le gouvernement a tiré les leçons du fiasco de la vaccination en grands centres de 2009 [contre la grippe H1N1, ndlr]. Il sait qu’il ne peut pas faire sans nous ; que s’il ne s’appuie pas sur les professionnels de ville, médecins, pharmaciens ou infirmiers, ce sera l’échec assuré », assure le généraliste du Calvados, dans un entretien paru dimanche dans Le JDD. Alors qu'une "task force" du gouvernement peaufine l'organisation de la vaccination, le Dr Battistoni affiche ses ambitions. « Ce que nous attendons est simple : que les professionnels de santé libéraux se voient confier la responsabilité de l’organisation au niveau local, en lien avec les collectivités territoriales. »
Si les généralistes ne devraient pas être écartés de la vaccination contre le Covid-19, l'organisation devra cependant tenir compte de plusieurs contraintes. Celles-ci concernent les caractéristiques des vaccins comme la conservation à faible température ou encore le conditionnement multidoses - le plus souvent 10 doses- (« raisons avancées pour justifier le choix d’un schéma de vaccination collective en centres dédiés lors de la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1) en 2009 », rappelle la HAS dans ses recommandations intermédiaires.
Gros travail administratif
Les leaders syndicaux sont relativement confiants mais mesurés.
« Sur le fond, je ne vois pas pourquoi la vaccination ne pourrait pas se faire dans un cabinet de médecine générale dès lors que les règles sont connues et que l'acte s'effectue dans de bonnes conditions de sécurité », observe le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. Mais, cette vaccination représentera un important travail administratif; Il faudra aux professionnels concernés s'assurer que sont vaccinés en premier lieu des gens prioritaires, définir le rappel à 21 ou 28 jours, saisir les données de pharmacovigilance en cas de problème... (la cotation de cet acte n'est pas connue)
Selon le généraliste mayennais, « il n'y aura pas une organisation unique mais plusieurs » pour répondre à la demande. Et des centres Covid qui s'étaient montés pendant la première vague épidémique pourraient se transformer en centres de vaccination avec des médecins, pharmaciens, infirmiers. « La vaccination doit se faire dans un environnement sécurisant, avec une présence médicale mais cela ne veut pas dire que ce sera le médecin qui piquera », ajoute le Dr Duquesnel.
Une chose est sûre, s'ils sont volontaires pour s'engager dans la campagne de vaccination, les médecins généralistes souhaitent disposer de toutes les données scientifiques sur les vaccins proposés, et pas seulement les communiqués de presse des laboratoires. Le Conseil scientifique du CNGE a d'ailleurs réclamé lundi aux pouvoirs publics la transparence sur les études consacrées aux vaccins anti-Covid-19. Selon cette instance, les soignants doivent disposer de « données fiables, notamment sur la balance bénéfice/risque, pour informer loyalement » les patients et les faire adhérer en confiance. « La confiance des Français et des soignants ne sera possible qu’avec une information transparente et fiable », concluent les généralistes enseignants. L'enjeu est effectivement de taille, puisque selon un sondage Ifop pour le JDD auprès d'un échantillon représentatif de 1 013 personnes, 59 % des Français n'ont pas l'intention de se « faire vacciner lorsque cela deviendra possible ».
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