Une étude de grande ampleur menée par Santé publique France dont les résultats sont publiés dans le dernier BEH établit un lien entre l'absence du port de masques appropriés et la contamination par le Sars-COV-2 de soignants exerçant en établissements de santé, médicaux sociaux et Ehpad, pendant la première vague épidémique*.
Dans le cadre de cette enquête, 2 329 professionnels de santé exerçant dans ces établissements et ayant été infectés de février à avril 2020, ont répondu à un questionnaire en ligne sur les circonstances potentielles de leur contamination.
« L’analyse fait apparaître des différences importantes dans l’utilisation de masques de protection adaptés au risque d’infection » à mettre en rapport avec « la disponibilité de ces équipements et les recommandations ou protocoles utilisés, variables suivant le type d’établissement et le secteur d’activité », observent les auteurs de l'étude.
Les soignants participant à l'enquête (31,6 % d'infirmiers, 22,8 % de médecins, 14,5 % d'aide-soignants...) étaient invités à renseigner le type d’établissement dans lequel ils exerçaient, les tâches réalisées, et les équipements et moyens de prévention à leur disposition (masque, soluté hydroalcoolique, surblouse, lunettes de protection). Il leur était également demandé s'ils avaient eu des contacts avec des cas de Covid-19 diagnostiqués ou suspectés dans les deux semaines précédant la date de début des symptômes.
Sur les 1 602 professionnels exerçant en établissement de santé, 1 557 ont déclaré avoir travaillé durant les 15 jours précédant les symptômes. Leur utilisation d’un masque FFP2 pour la réalisation des tâches les plus à risque a varié selon leur secteur d’exercice. « En secteur Covid, le port de masques FFP2 oscillait de 56 % à 87,2 % suivant les actes pratiqués. Hors secteur Covid, le port de masques FFP2 allait de 0 à 51,4 % pour les mêmes actes, les masques chirurgicaux étant majoritairement utilisés », observe Santé publique France. Lors d’un prélèvement nasopharyngé, 83,4 % des professionnels en secteur Covid portaient exclusivement un masque FFP2 tandis que, hors secteur Covid, 51,4 % en étaient équipés.
« Les raisons invoquées pour l’absence de port de masque ou le port d’un masque chirurgical au lieu d’un masque type FFP2 étaient avant tout liées soit à la pénurie de ce type de matériel conduisant à l’utilisation de masque chirurgical, soit aux protocoles appliqués localement conduisant à réserver les masques FFP2 à la prise en charge des patients ayant eu une PCR Covid-19 positive et à certaines situations », analysent les auteurs.
En Ehpad, pénurie de masques et absence de doctrine
Par ailleurs, une part non négligeable (32,5 %) des 1 557 professionnels infectés ont déclaré avoir eu au moins un contact sans masque avec au moins un soignant ayant une infection confirmée à Covid-19, pendant ses symptômes. 82,5 % prenaient leurs repas avec les collègues en salle de repos et donc sans masque ; et 11,7 % rapportaient des contacts avec des cas suspectés ou confirmés d’infection à Covid-19 en dehors de leur activité professionnelle.
En Ehpad et dans les autres établissements médico-sociaux, l’analyse réalisée auprès de 697 soignants contaminés montre que lors des activités à risque, le port d'un FFP2 était globalement moins fréquent que le port de masque chirurgical. « Le prélèvement nasopharyngé n’était réalisé avec un FFP2 que dans 33,9 % des cas et dans 19,4% ces cas aucun masque n’était porté », évoquent les auteurs.
Les raisons évoquées pour le non-port ou le port occasionnel de masque, étaient principalement l’indisponibilité du matériel (37,5 %) devant l’absence de recommandations de port de masque (34,1 %) ou l’utilisation du matériel de protection pour les seuls cas suspects ou confirmés de Covid-19 (20,8 %).
« La contamination des soignants semble avoir été à cette période essentiellement d'origine professionnelle : soit transmission patient-soignant, soit entre soignants avant que ne soit préconisé le port en continu du masque chirurgical », observe Santé publique France.
Utilisation d'un masque (chirurgical et FFP2) en fonction des gestes réalisés par les soignants contaminés par le SARS-CoV-2 durant les 15 jours précédant le début des symptômes, 2020, France
*44 281 cas de contamination au Sars-Cov 2 ont été rapportés entre le 1er mars et le 2 novembre 2020 à Santé publique France par des établissements de santé auxquels s’ajoutent 48 496 cas signalés aux mêmes dates par des établissements sociaux et médico-sociaux (ESMS).
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