Faut-il craindre un passage à l’Homme des virus influenza aviaires ? Comme le rappelle Santé publique France dans un point épidémiologique publié le 1er mars, depuis l’automne 2021, le monde connaît une « épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène » sans précédent avec des conséquences particulièrement « dévastatrices ». Ainsi, en Europe, « de nombreux foyers, très majoritairement dus au virus A (H5N1) (…) (ont) entraîné l'abattage de plusieurs millions d'oiseaux (domestiques) et causé des évènements de mortalité de masse dans l’avifaune sauvage », déplore l’agence.
La France n’est pas en reste. Rien que depuis l’été dernier, « plus de 300 foyers en élevage ont été détectés », et l’épidémie a récemment progressé parmi les oiseaux sauvages – avec « des centaines d’oiseaux infectés trouvés morts sur le territoire, et une endémisation (…) qui s’étend aux oiseaux non migrateurs », précise Santé publique France.
Dans ce contexte, la question du risque de transmission à l’être humain se pose de plus en plus. Pour le moment, comme le rapporte Santé publique France, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère ce risque « faible »… mais pas nul. D’autant que depuis 2021, les virus influenza aviaires circulants ont déjà fait des victimes au-delà de la classe des oiseaux.
De plus en plus de mammifères infectés
En particulier, chez l’animal, plusieurs cas de contamination de mammifères ont été repérés au niveau mondial. « Des centaines de mammifères infectés (d’une vingtaine d’espèces) ont été retrouvés morts ou sur le point de mourir », rapporte Santé publique France. Dans l’Hexagone, « fin décembre 2022, un chat malade a (aussi) été testé positif au virus influenza aviaire hautement pathogène H5N1 dans les Deux-Sèvres ».
Ces cas n’apparaissent pas en eux-mêmes inquiétants. D’autant qu’ils ne semblent a priori pas à l’origine d’infections humaines. Par exemple, dans le cas français, l’enquête n’a pour le moment pas mis en évidence de contamination des sujets contacts du chat infecté, rassure Santé publique France.
Néanmoins, la multiplication des transmissions à des mammifères suscite des craintes. « Les virus influenza aviaires, notamment cette souche H5N1, peuvent passer à l’Homme lorsqu’ils accumulent un certain nombre de mutations, notamment après passage chez des mammifères », expliquait lors d’une conférence de presse de l’de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) Nicolas Eterradossi, Directeur du laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort de l'Anses, qui héberge le laboratoire national de référence sur l’influenza aviaire. Ainsi, « la fréquence accrue de transmission de ces virus à des mammifères d’espèces variées augmente le risque d’émergence d’un nouveau virus influenza mieux adapté à l’Homme et capable de transmission interhumaine », juge Santé publique France.
Autre élément d’inquiétude : une transmission de mammifère à mammifère, suspectée dans trois cas (aux États-Unis, Pérou et Espagne).
Des cas humains sporadiques
En outre, des cas humains ont été identifiés. « Plusieurs détections du virus A (H5N1) ont été confirmées (...) depuis fin 2021 » chez des individus exposés à des volailles et oiseaux domestiques infectés en Espagne, UK, États-Unis, Chine, Vietnam et Équateur, détaille SPF. Fin février, deux nouveaux cas ont été repérés au Cambodge – dont un pédiatrique mortel, affirme Nicolas Eterradossi.
Là encore, ces épisodes n’apparaissent pas immédiatement alarmants. Leur nombre « reste faible étant donné l’intensité de l’épizootie mondiale », souligne Santé publique France. De plus, aucune transmission interhumaine n’a été identifiée. À noter par ailleurs qu’à l’origine des cas cambodgiens se trouve un virus d’un clade différent de celui qui circule en Europe, endémique dans le pays.
Toutefois, comme le souligne Nicolas Eterradossi, les cas humains « doivent être suivis de façon très attentive pour vérifier qu’ils ne (signent) pas un évènement (…) plus grave », avec présence d’un virus mutant adapté à l’être humain.
Au total, cette estimation d’un risque de niveau faible ne vaut, pour le Dr Eterradossi, que « dans des conditions d’exposition au virus (…) maîtrisées ». En cas de croissance intense de l’épidémie, et « si le virus mute, s’il passe chez (plus) de mammifères et s’il accumule les mutations qui lui manquent, ce risque peut évoluer », affirme le vétérinaire.
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