La grippe est-elle plus sévère cette année chez l’adulte jeune ? C’est en tout cas ce que suggère le dernier bulletin hebdomadaire de Santé publique France, qui pointe une « part des décès grippe élevée chez les 15-44 ans ».
En semaine 01, la part de la grippe parmi tous les décès certifiés électroniquement était en effet maximale chez les 15-44 ans, atteignant 5,4 %, contre 3,9 % tous âges confondus et 4 % chez les 65 ans et plus. Et depuis le début de la surveillance en semaine 40, la grippe aurait contribué directement à 1,4 % des décès enregistrés via la certification électronique dans cette tranche d’âge. Soit, comme l’a souligné Sibylle Bernard-Stoecklin, (Santé publique France) lors d’une conférence de presse, « la valeur la plus élevée jamais enregistrée dans cette population depuis 2014-2022 ». Et globalement, « que ce soit en ville ou à l’hôpital, tous les indicateurs sont cohérents et vont dans le sens d'une suractivité de la grippe dans la population des jeunes adultes en termes de mortalité ».
Des interactions avec le SARS-CoV-2 ?
Comment expliquer ce phénomène alors que les 15-44 ans ne constituent pas d’ordinaire une population particulièrement à risque de formes sévères et de décès - sauf comorbidité ? Le virus de type A H3N2 qui circule actuellement de façon majoritaire peut-il être incriminé ? À ce jour, « il n’y a pas d’élément en faveur d’une mutation qui rendrait ce virus plus agressif chez les 15-44 ans », répond la spécialiste. Et classiquement, la souche A H3N2, qui a émergé dans les années 1960, est surtout connue pour être plus sévère chez les plus de 65 ans, dont le système immunitaire a été éduqué avec d’autres sous-types.
Plusieurs autres hypothèses peuvent en revanche être formulées. « Les 15-44 ans sont une population qui a été peu touchée lors des épidémies précédentes. Leur immunité a donc potentiellement pu diminuer pour la grippe », avance Sibylle Bernard-Stoecklin. Des phénomènes d’interaction entre le SARS-CoV-2 et la grippe pourraient aussi jouer un rôle « et donner lieu à des choses assez atypiques ».
Enfin, ce constat s’inscrit dans un contexte plus large où l’épidémie en cours se caractérise par une mortalité plutôt élevée. En semaine 52, tous âges confondus, la part cumulée des décès dus à la grippe (parmi tous ceux certifiés électroniquement depuis la semaine 40) était de 0,9 %, soit « bien au-delà des deux dernières épidémies de grippe et proches des données obtenues lors des saisons 2016-2017, 2017-2018 et 2018-2019, marquées par une surmortalité importante ».
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