Sans changement des stratégies de prévention, des scientifiques du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) estiment qu’il y aura dans le monde, parmi les personnes nées entre 2008 et 2017, 15,6 millions de cas de cancers de l’estomac, dont les deux tiers en Asie. Selon leurs prédictions, 76 % des cas seront dus à une infection chronique par Helicobacter pylori (H. pylori), une cause pourtant évitable de cancer. Les auteurs appellent ainsi à revoir les stratégies de prévention dites « screen-and-treat » (dépister et traiter) dans le cancer de l’estomac. En France, l’infection par H. pylori se traite par antibiothérapie(s) et inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), avec ajout éventuel, selon la souche, de sous-citrate de bismuth. Leurs projections sont publiées dans Nature Medicine.
L’Europe totalisera 8 % des cas
Les auteurs ont réalisé ce travail à partir des données de 185 pays provenant de l’étude Globocan 2022 et des projections démographiques de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur un total de plus de 1,3 milliard de personnes nées entre 2008 et 2017. Sur les 15,6 millions de cas de cancers de l’estomac estimés pour la génération 2008-2017, l’Asie comptera 68 % des cas (notamment Chine et Inde), suivie de l’Amérique avec 13 %, l’Afrique 11 %, l’Europe 8 % et l’Océanie 0,4 %. En outre, 58 % de ces futurs cas seront localisés dans des régions ayant une incidence historiquement élevée de cancers de l’estomac et 42 % dans des régions habituellement de faible incidence. L’Afrique subsaharienne souffrira particulièrement d’une hausse significative de cancers de l’estomac avec une augmentation six fois supérieure à celle estimée pour 2022.
Des interventions pour réduire jusqu’à 75 % les cas de cancer
Malgré le mauvais pronostic des cancers de l’estomac, un levier d’action pourrait « sauver des millions de vies », selon les auteurs. Alors que la bactérie H. pylori est à l’origine de plus de deux tiers de ce cancer et qu’un traitement curatif existe, les scientifiques martèlent la nécessité de nouvelles stratégies de santé publique. « Il est essentiel que les autorités sanitaires fassent de la prévention du cancer de l’estomac une priorité et accélèrent leurs efforts pour le contrôler via des projets pilotes et de faisabilité de programmes “screen-and-treat” de l’infection à H. pylori », développent-ils.
Les scientifiques ont ainsi testé plusieurs scénarios sur le nombre attendu estimé de cancers de l’estomac. Ils prédisent qu’avec une intervention screen-and-treat le nombre de cas pourrait être réduit de 75 % si les interventions sont à 100 % efficaces (si les interventions ne sont qu’à 80 % efficaces, alors la réduction serait de 60 %). En parallèle, les auteurs évoquent l’espoir d’un vaccin contre H. pylori pour lequel seul un essai a atteint la phase 3.
H. pylori et risque de cancer colorectal
Selon une méta-analyse publiée dans The Lancet eClinicalMedicine, le traitement contre Helicobacter pylori est associé à un risque réduit de cancer colorectal (OR = 0,44). Les chercheurs ont quantifié l’association entre les infections à H. pylori et le surrisque de cancer colorectal (OR = 1,59) et d’adénome colorectal (OR = 1,47).
Le ministère lance une stratégie nationale « Intelligence artificielle et données de santé »
Les fongémies liées aux injections de drogues, un tableau clinique particulier
Microbiote : mieux informés, des Français à mobiliser pour la recherche
La dérivation biliaire du bypass gastrique Roux-en-Y protège du cancer colorectal