Alors que la France fait face à une virulente deuxième vague épidémique de coronavirus, plusieurs voix s'élèvent pour alerter sur l'importance d'assurer la continuité des autres soins.
Ce lundi, les Ordres des professionnels de santé (médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, infirmiers, kinésithérapeutes et pédicures podologues) ont invité les autorités, mais aussi les patients, à tirer les enseignements du premier confinement pendant lequel avait été observée une baisse du recours aux soins. « Il faut cette fois impérativement éviter les retards de diagnostic et de prise en charge, les pathologies déséquilibrées, les souffrances, les risques de complications et éviter que les patients ne subissent à nouveau une perte de chance dans la prise en charge de leurs pathologies », écrivent les Ordres de santé dans un communiqué commun.
Par cette prise de position, ils espèrent convaincre les patients de continuer à consulter les praticiens, notamment de ville, dans le cadre du suivi de leurs pathologies et de leurs traitements. « Les cabinets et les officines restent ouverts et, chacun dans leur champ de compétences, assurent les soins en présentiel ou dans le cadre de la téléconsultation, du télésoin et des soins à domicile », précisent les sept organisations. Elles soulignent que les professionnels de santé ont pris toutes les dispositions pour assurer de bonnes conditions de sécurité sanitaire et que les soins médicaux font partie des motifs de sorties autorisées par le gouvernement (avec une attestation).
Des patients désireux de maintenir la continuité des parcours
La continuité des soins, notamment des patients chroniques et des personnes à risque, est aussi une priorité pour les patients. Jeudi dernier, France Assos Santé a en effet demandé que tout soit mis en œuvre « pour réussir à prendre en charge les patients atteints de Covid-19, tout en maintenant l’accès aux soins pour tous et en protégeant les plus vulnérables ». L'association d'usagers demande ainsi aux médecins et aux ARS de « garantir la continuité des soins et des parcours, y compris grâce au recours à la télémédecine et à la télésurveillance, et à assurer les déprogrammations dans le strict cadre du nécessaire ».
Mercredi dernier, le ministre de la Santé a en effet invité tous les établissements de santé à déclencher sans attendre leur plan blanc et à déprogrammer des activités médicales « afin de libérer de la disponibilité en lits » pour les malades du Covid. Dans une lettre adressée aux directeurs d'hôpitaux, Olivier Véran a enjoint les établissements de santé des régions « les plus en tension » « d'activer sans attendre les paliers plus élevés, en déprogrammant toutes les activités chirurgicales et médicales pouvant l'être ». Ces mesures devront toutefois préserver la prise en charge des cancers, des greffes, des malades chroniques « requérant des soins urgents », ainsi que la psychiatrie, « notamment [pour] les publics mineurs avec handicap psychique ».
Déprogrammations raisonnées
Plusieurs syndicats de médecins se sont étonnés que dans certaines régions, les déprogrammations aient été prises sans avoir associé la communauté médicale ni analysé avec eux les bénéfices/risques pour chaque patient.
« La décision de déprogrammation est une décision médicale : seule l'équipe chirurgicale (anesthésistes et chirurgiens) doit en prendre la responsabilité en fonction de la pathologie du patient, du degré d'urgence de l'intervention et des conséquences du retard de prise en charge induit », rappelait il y a quelques jours Le BLOC-UCDF.
« La déprogrammation peut avoir des conséquences néfastes en termes de santé publique comme plusieurs publications récentes l’ont démontré, affirme pour sa part le syndicat Les Spécialistes-CSMF. Ces déprogrammations ne peuvent relever que d’une décision médicale, seuls les médecins peuvent prendre cette décision dans le respect et le salut du patient. »
Lors de la parution du 4e volet de l'enquête Epiphare, l'ANSM et l'Assurance maladie soulignaient que pour de nombreux actes médicaux, le retard pris pendant le confinement n'avait « pas fait l’objet d’un rattrapage à ce jour et pourrait être difficilement comblé cette année ».
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