Méfiance vis-à-vis des médicaments

L’Académie de médecine veut mieux former la population à la culture du risque

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Publié le 08/06/2022

La mauvaise perception du risque médicamenteux par les patients peut être dangereuse pour la santé des citoyens, selon un rapport de l'Académie de médecine. L'instance préconise donc une meilleure formation de la population et des professionnels de santé ainsi qu’une meilleure communication des institutions.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

La perception du risque médicamenteux par les patients a joué un rôle clé lors de la campagne de vaccination anti-Covid-19. L’Académie de médecine s'est penchée sur ce sujet dans un rapport pour lequel elle a auditionné une trentaine d’acteurs. Car si les enquêtes d’opinion « montrent régulièrement que, dans leur grande majorité, les Français ont une perception positive de l’efficacité et de la sécurité d’emploi des médicaments (…), la pandémie due au SARS-CoV-2 (Covid-19) a confirmé combien la perception du risque médicamenteux par le public est instable, parfois peu rationnelle », souligne l’Académie. La défiance et l’hostilité sont souvent le fait d’une petite minorité mais « active et bruyante », selon le rapport adopté fin mai.

Pour l’Académie de médecine, une des sources du problème est le rapport accordé dans notre société entre bénéfice et risque. Elle pointe « une tendance générale à accorder la primauté au risque » et évoque une « idéologie de la précaution ». Elle met également en cause comme facteurs de distorsion « le préjugé naturaliste, le relativisme culturel et l’extension planétaire des réseaux sociaux qui répandent dans l’instantanéité de fausses informations plus virales et mieux mémorisées que les vraies ».

Diffuser l'information scientifique sur les réseaux sociaux

Dans son rapport, l’Académie de médecine considère que la situation peut être dangereuse pour la santé des citoyens. Pour favoriser la juste perception du risque médicamenteux, elle formule donc une série de recommandations. Elle appelle notamment à informer sur les bénéfices et risques liés à l’action mais aussi ceux liés à l’inaction, à ne délivrer « qu’avec réserve » les hypothèses incertaines et informations parcellaires et à « avoir l’honnêteté de dire que parfois on ne sait pas ».

Les réseaux sociaux participant à la diffusion rapide et planétaire des fausses informations, le rapport préconise d’y recourir davantage pour transmettre la bonne information, celle scientifiquement validée ainsi que les messages institutionnels. L’objectif est d’ « alerter par tous moyens les internautes sur le foisonnement des fausses informations et sur les biais cognitifs (confirmation, intentionnalité, effet d’aubaine…) ». L’Académie appelle d’ailleurs les institutions à clarifier leur message, à les rendre les plus factuels possible et à défaut d’avoir un émetteur unique de parler davantage d’une même voix pour les différentes institutions de santé publique.

Pour les professionnels de santé, le rapport recommande de « mieux informer ceux qui informent sur les vaccins », et juge notamment que la formation initiale des professionnels de santé dans le domaine de la vaccination est actuellement insuffisante. Le but est aussi de développer la culture scientifique et du risque et l’esprit critique dans la population en mettant notamment en place « une politique pédagogique ambitieuse auprès des jeunes (…) dès le collège ».


Source : lequotidiendumedecin.fr