La tâche d'Édouard Philippe est ardue et complexe. Pour une part, il doit réinsérer dans la marche du gouvernement les réformes bloquées par la crise des gilets jaunes, ce qui a créé chez les députés de la République en marche un énorme appétit d'action législative. Pour une autre part, il se voit contraint d'engager des changements moins induits par sa volonté réformatrice que par celle du peuple. Par exemple, le nouveau projet de réforme de la constitution prévoit la réduction du nombre d'élus. M. Macron y est favorable depuis longtemps, mais c'est tout de même un curieux raisonnement qui s'attaque à la dépense publique en faisant des économies sur la représentation démocratique. Un pays dont le produit intérieur brut atteint 2 300 milliards peut se permettre d'avoir des députés et des sénateurs en nombre suffisant pour accomplir le travail législatif. Et la réforme tant attendue correspond davantage à la manière de penser des populistes qu'à une nécessité historique.
En outre, le président du Sénat, Gérard Larcher (LR) n'est pas enthousiasmé par le projet présidentiel auquel il reproche de trop tailler dans les effectifs du Sénat. Le chef de l'État s'est fixé sur une réduction de 20 % du nombre d'élus, il faudra trouver un compromis. De même, l'idée d'introduire une « dose de proportionnelle » dans les élections législatives est complètement contraire à l'esprit du scrutin majoritaire. M. Macron le fait pour satisfaire une très vieille revendication de François Bayrou (MoDem), son plus proche allié, mais la proportionnelle se traduira par l'arrivée en force du Rassemblement national sur les bancs de l'Assemblée, comme ce fut le cas en 1986 sous Mitterrand.
Les syndicats vent debout
Le gouvernement avait pris conscience de l'importance de l'écologie avant le scrutin du 26 mai dernier, mais il ne s'est rallié que tardivement à la notion de vaste programme pour la lutte contre le réchauffement climatique, faisant ainsi amende honorable après la démission de Nicolas Hulot. Bien que Yannick Jadot, président des Verts, soit un homme de gauche peu enclin au compromis, son score de presque 14 % aux élections européennes pourrait le conduire, avec la disparition de la gauche, à trouver un accord avec la République en marche.
Enfin, il va falloir boucler la réforme de l'assurance-chômage dès le début de l'été et la partie n'est pas gagnée, car les syndicats sont vent debout. On se perd en conjectures sur la capacité du président à amadouer les syndicats auxquels il a implicitement promis de leur accorder un rôle plus important. L'assurance-chômage sera l'épreuve du feu : ça passe ou ça casse. Il faut comprendre que, pour le président, les économies sur l'assurance-chômage seraient un moyen excellent de résorber en partie les dépenses (17 milliards) décidées pour apaiser les gilets jaunes, mais les syndicats, soucieux du sort des chômeurs, ne l'entendent pas de cette oreille.
Il y a dans ces réformes des promesses de campagne et des décisions de circonstance. Mais il y a aussi une nécessité cardinale, montrer aux Français que ce gouvernement, non-remanié, est en pleine forme et entend accélérer les changements qui représentent sa marque de fabrique. Contrairement à ce que l'on était en droit de prévoir à la veille du scrutin européen, la majorité sort renforcée par les élections du 26 mai, car elle a largement prouvé que les gilets jaunes, qui apparaissaient comme un danger grave pour le pouvoir, ne sont plus qu'une nuisance qu'il est capable de gérer. Les deux ans écoulés depuis 2017 ont montré que des obstacles imprévus surgissent de nulle part et parviennent à freiner le rythme des réformes. Aucune partie n'est gagnée à l'avance, mais la macronie est moins handicapée qu'il y a quinze jours.
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